General Idea - Visite audio
Dans cette visite audio divertissante, des artistes et des experts de tout le pays et de toutes les générations partagent leurs réflexions sur General Idea.
Joignez-vous à Rinaldo Walcott, Esmaa Mohamoud, Luis Jacob, Patrick Bérubé et Marlene Yuen pour un regard intime et instructif sur des œuvres couvrant les vingt-cinq ans de carrière de General Idea.
Queer
Bonjour, je m’appelle Rinaldo Walcott. Je suis professeur à la Women and Gender Studies Institute (l’Institut d’études sur les femmes et le genre) de l’Université de Toronto. Je suis spécialiste en études queers noires.
Le mot « queer » englobe une histoire entière, voire des histoires. C’est le sida qui a exigé de la communauté LGBTQ qu’elle se le réapproprie. Si auparavant on nous lançait « queer » pour indiquer que nous étions contre nature, étrange ou hors norme, nous nous sommes saisis du mot pour le réorienter — désormais une affirmation qui confirme notre manière d’être autrement dans le monde. Nous avons repris « queer » afin de porter un coup à ce qui était présenté comme normal au moment même où le sida provoquait d’innombrables morts et de la souffrance en masse. Il est important de noter que nous avons récupéré le terme « queer » précisément à l’époque du sida ; nous en avions besoin pour donner un sens à cette communauté qui se formait face à la mort d’un grand nombre d’hommes homosexuels ; nous en avions besoin pour donner un sens à la façon dont des femmes — hétéros et lesbiennes — se sont ralliées à ces hommes et les ont soignés pendant leurs dernières heures. « Queer » est un mot générateur de communauté, qui dépasse nos pratiques sexuelles. Tous les homosexuels ne voulaient pas reprendre « queer » pour décrire leurs expériences, leur sexualité, leur communauté. Certains l’ont refusé, y préférant le terme « gai ». La récupération de « queer » était une stratégie déterminante et un mot contesté. Un groupe d’activistes comme Queer Nation a captivé notre imagination par son action directe et par sa formation communautaire apparemment indisciplinée. « Queer » nous a permis d’entretenir des alliances et des solidarités sans avoir recours à des mots encombrants. C’était un terme puissant, parfait pour occuper l’espace politique. Ensuite, il y a cette œuvre de General Idea qui renvoie à ces formations politiques.

General Idea, FILE Megazine vol. 3, no 1 (Glamour Issue) [Numéro sur le glamour], automne 1975. Périodique imprimé à l’offset, 35,5 × 28 cm. Fonds Art Metropole, Collection Art Metropole, Bibliothèque et Archives du Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa. Don de Jay A. Smith, Toronto, 1999. © General Idea. Photo : General Idea Archives, Berlin, avec l’autorisation de l’artiste
FILE, numéro « Glamour »
Automne 1975
Bonjour. Je m’appelle Marlene Yuen. Je suis une artiste visuelle de Vancouver, et je suis aussi une technicienne de studio à l’Université Emily Carr.
J’ai vu le FILE megazine de General Idea pour la première fois l’été dernier, à la Belkin Gallery de Vancouver. Je venais de subir une intervention simple à l’hôpital UBC et j’étais encore sous l’effet des sédatifs. Au départ, j’ai pensé que je ne voyais pas correctement… ça ressemblait à un vieux numéro de la revue LIFE, mais ne l’était pas. FILE est une appropriation insolente de la revue LIFE, mais ils sont tous les deux très différents.
Je suis une artiste qui crée des publications et des livres à faible tirage — je suis donc naturellement attirée vers le FILE megazine de General Idea. FILE était pour eux un forum pour des demandes de banques d’images, des chaînes de lettres, des projets d’art postal, des potins, des éditoriaux et des manifestes et un registre annuel d’artistes. À mon avis, FILE est un véritable zine. Il représente l’esprit de subversion, de liberté de pensée et l’attitude DIY (« fait soi-même ») qui est au cœur de la culture du zine.
Au-delà de son existence en tant qu’œuvre d’art, FILE a servi de porte-voix à General Idea. Il leur a permis de s’exprimer librement et d’assurer leur propre promotion (de manière assez téméraire !) sans avoir à compter sur des rédactions commerciales ou des maisons d’édition grand public. Et surtout, FILE était un lieu d’échange d’idées parmi les artistes du Canada et de l’international qui composaient la bande de General Idea. Nous vivons aujourd’hui à l’époque des médias sociaux et de l’information instantanée. Mais dans les années 1970, il était novateur de se servir de l’art postal pour inviter la collaboration. Et quand j’y pense en 2022, je trouve ça très rafraîchissant.
Looking Ahead [Regarder vers l’avenir]
1971
Bonjour. Je m’appelle Luis Jacob. Je suis un artiste, auteur, commissaire et éducateur installé à Toronto.
Le collectif General Idea se forme en 1969 et produira des œuvres pendant 25 ans. Dans Looking Ahead, réalisé deux ans seulement après la fondation du groupe, nous pouvons voir un portrait des artistes en jeune homme.
Habillé de manière conservatrice, les cheveux bien laqués, il lève les yeux du livre qu’il est en train de lire pour admirer les perspectives d’augmentation de la valeur de ses actions. Loin de l’image de l’artiste rebelle et marginal des années 1960, ce jeune professionnel est ambitieux et plein d’avenir. Il envisage des lendemains remplis de succès en se conformant à l’ordre social, plutôt qu’en se rebellant contre lui.
Quand General Idea crée ce personnage dans les années 1970 (probablement en s’appropriant l’image d’une autre source), son allure proprette et conventionnelle digne des années 1950 est déjà chose du passé, un anachronisme. Son apparence conservatrice, en d’autres termes, est ironique et produit une sorte de double sens visuel.
Cet homme incarne ce qu’AA Bronson qualifiera, dans son essai de 1983 The Humiliation of the Bureaucrat, des deux attributs nationaux canadiens : « la tendance bureaucratique et l’éthique protestante du travail ». Ces artistes torontois sont très sérieux.
Mais sérieux à propos de quoi, exactement ? Le rose de l’arrière-plan évoque une sexualité plus queer qu’à première vue. Le jeune professionnel représente donc, en d’autres termes, les artistes travestis. Les pages vierges de son livre et sa manière d’éviter notre regard laissent entrevoir quelque chose d’indéfinissable, d’énigmatique, qui sera élaboré au cours de plus de vingt ans de travail à venir.
Test Pattern: T.V. Dinner Plate [Mire de réglage : plateau télé]
1988-1994
Bonjour, mon nom est Patrick Bérubé…. Je suis un artiste en arts visuels québécois… Je vie et travaille à Montréal.
Ma première rencontre avec General Idea s’est fait lorsque j’étais jeune étudiant, par le biais du livre : Art at the Turn of the Millenium, de l’éditeur Taschen. Même s’il est un livre datant des années 2000, il est fascinant de constater à quel point le travail de General Idea est encore aujourd’hui très actuel ; à travers leur méthode de travail, mais aussi par les diverses stratégies d’appropriation et d’assemblage de différents objets ou éléments du quotidien.
Utilisant des méthodes de création similaires, notre amour pour le minimalisme et la couleur - très présent dans nos deux pratiques artistiques - ne trompe pas !
Par exemple, dans l’œuvre Pattern: T.V. Dinner Plate, tout comme c’est le cas dans ma série Perte de Signal, on voit utilisés les couleurs et le fort symbole - moins actuels, celui-ci - des « Colors Bars » télévisuels. Une œuvre à la fois Pop et minimaliste qui amène ici toute une symbolique sur l’interruption et les pertes de toutes sortes, et dans laquelle sont soulignées certaines problématiques sociales à travers diverses notions de brouillage et de perte de contrôle…

General Idea, The Unveiling of the Cornucopia (Mural Fragment from the Room of the Unknown Function in the Villa dei Misteri of The 1984 Miss General Idea Pavillion) [Le dévoilement de la corne d’abondance (fragments d’une murale provenant de la pièce à usage inconnu de la Villa dei Misteri du Pavillon de Miss General Idea 1984)], 1982. Peinture émail sur placoplâtre et contreplaqué, 244 × 610 cm. University of Lethbridge Art Collection. Acheté en 1986 grâce à des fonds du Programme d’aide aux acquisitions du Conseil des arts du Canada (1986.113). © General Idea. Photo : Musée des beaux-arts de l’Ontario, Toronto
Villa dei Misteri
1982
Bonjour, je m’appelle Rinaldo Walcott. Je suis professeur à la Women and Gender Studies Institute (l’Institut d’études sur les femmes et le genre) de l’Université de Toronto. Je suis spécialiste en études queers noires.
General Idea est passé maître dans l’art de rafraîchir et de recontextualiser l’histoire de l’art pour leur époque (et la nôtre), prolongeant ainsi cette histoire jusque dans nos vies. Dans The Unveiling of the Cornucopia [Dévoilement de la Corne d’abondance], General Idea continue de flirter avec la frontière étroite entre la fiction et la réalité. Cette œuvre s’inscrit dans une série plus grande qui permet à General Idea de jouer aux archéologues, en « sauvegardant » des fragments historiques d’un pavillon (imaginaire) romain détruit par les flammes. L’apparition du caniche, qui deviendra un élément identifiable associé à leur œuvre — voire leur doublure —, préfigure la manière dont les préoccupations queers deviendront essentielles dans leur travail au long des années 1980. L’œuvre, dans son ensemble, fait référence à la Rome antique, à ses bases homosociales et au fait archéologique, mais elle en laisse aussi entendre beaucoup plus. General Idea puise dans la détérioration et le mystère, éléments au cœur de l’histoire de l’art, pour inventer un site archéologique fortement inspiré de l’histoire. Imaginée comme un fragment « sauvgardé », cette œuvre préfigure la détérioration et le déclin qui allaient marquer la vie queer de l’époque. Avec le recul, il est difficile de ne pas voir dans l’œuvre de General Idea une prédiction de l’arrivée du sida. Le collectif répète le motif des pavillons en ruines de l’histoire de l’art européen et les fait apparaître dans l’histoire de l’art contemporain comme une sorte de fiction ; ce faisant, General Idea prolonge la métaphore du déclin et de la détérioration pour en faire une déclaration politique sans pour autant moraliser ou critiquer à outrance.
Great AIDS (Black) [en noir]
2019
Bonjour. Je m’appelle Esmaa Mohamoud. Je suis une artiste qui vit et travaille à Toronto.
General Idea a réalisé une œuvre sur l’épidémie de SIDA dans les années 80 avec une intelligence et une bravoure que peu d’artistes ont montrées à l’époque. General Idea a caché le mot SIDA dans l’œuvre, soulignant ironiquement le caractère caché des renseignements sur le SIDA diffusés au public à l’époque.
Lorsque je regarde Great AIDS (Black), je pense à la façon dont la crise du SIDA des années 80 et 90 a touché la communauté noire. Pour les Noirs de l’époque, le SIDA était non seulement une condamnation à mort physique, mais aussi sociale. Déjà confrontés au racisme, au classisme et à l’homophobie, les Noirs homosexuels diagnostiqués positifs au virus ont été sujets à une stigmatisation culturelle sans précédent pendant la crise sanitaire qu’était le SIDA à cette époque.
Et puis, je pense à aujourd’hui et à ce que nous avons traversé collectivement depuis 2020. Nous venons d’être témoins d’une autre pandémie mondiale, qui a balayé le globe et n’a eu aucune pitié pour les Noirs et, franchement, pour les personnes de couleur en général. Une fois de plus, nous avons connu une période de peur généralisée, de désinformation et de transmission facile d’une maladie inconnue sans traitement en vue. Encore une fois, la communauté noire n’a pas le même accès aux soins de santé ou à la sécurité d’emploi pour rendre la propagation de ce virus plus facile à contenir.
40 ans plus tard, l’œuvre de General Idea sur le SIDA est toujours aussi pertinente. En masquant le mot SIDA dans une palette monochrome, General Idea vous attire par la simplicité de ce geste qui camoufle la diffusion de l’information à la population. Je pense qu’il convient de relever que cette œuvre a été poursuivie en 2019, ce qui me fait penser aux conversations actuelles concernant le SIDA et sa transmission aujourd’hui. Il est important de se rappeler qu’il n’y a toujours pas de remède à ce virus. Nous devons poursuivre ces conversations en public – comme le fait l’œuvre de General Idea – et ne pas cacher l’information sur le SIDA comme l’est le mot SIDA dans cette œuvre. General Idea nous rappelle, au moyen de cette peinture, l’importance et la fragilité de la place de cette maladie dans nos esprits.
AIDS
1987
Bonjour. Je m’appelle Marlene Yuen. Je suis une artiste visuelle de Vancouver, et je suis aussi une technicienne de studio à l’Université Emily Carr.
Si j’avais vu, dans les années 1980, l’affiche AIDS de General Idea placardée sur tous les murs de la ville parmi des publicités de spectacles et autres réclames, j’aurais regardé par deux fois. La typographie et les couleurs vives m’auraient semblé familières, mais quelque chose aurait cloché. Avec AIDS, General Idea reprend l’emblématique sculpture LOVE de l’artiste pop américain Robert Indiana, créée en 1967. General Idea a produit cette œuvre-ci en 1987, à l’apogée de la crise du sida, et le mot LOVE y est remplacé par le mot AIDS (sida en anglais).
Cette œuvre n’est pas accrochée aux murs d’un musée ou d’une galerie. Elle n’est pas non plus une précieuse œuvre d’art public. Elle est dans la rue, un endroit où les gens vont, viennent et s’affairent. L’art public joue un rôle important dans la société ; quand il est accessible et placé aux bons endroits, les gens le remarquent et l’abordent. En 2018, la Ville de Vancouver m’a demandé de concevoir des coffrets électriques situés dans le quartier chinois historique de Vancouver. On m’a dit que mon œuvre devait contribuer à la revitalisation du quartier qui, depuis des années, se détériorait, car confronté au racisme, au vandalisme et à la crise des opioïdes. J’ai délibérément travaillé avec des images répétées et des couleurs vives. Les gens ont-ils remarqué ? Oui.
La répétition dans l’œuvre AIDS s’appuie sur des stratégies publicitaires, mais General Idea s’en sert pour nous expliquer que l’on ne peut ignorer le sida. Le virus est bien présent, et il se reproduit tout comme l’affiche se répète. Cette œuvre fait partie d’Imagevirus, un projet de plus grande envergure de General Idea ; plusieurs versions de l’affiche ont été présentées dans des espaces publics de villes d’Amérique du Nord et d’Europe à partir de la fin des années 1980.
![General Idea, One Year of AZT [Une année d’AZT], 1991. 1825 pièces, styrène moulé à vide, vinyle. One Day of AZT [Une journée d’AZT], 1991. 5 pièces, fibre de verre.](https://www.beaux-arts.ca/sites/default/files/styles/ngc_scale_640/public/ngc_41032.1-5_007.jpg?itok=W673VCaQ)
General Idea, One Year of AZT [Une année d’AZT], 1991. 1825 pièces, styrène moulé à vide, vinyle, 12,7 × 31,7 × 6,3 cm chacune. Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa. Acheté en 1995 (37688.1-1825); One Day of AZT [Une journée d’AZT], 1991. 5 pièces, fibre de verre, 85 × 214 × 85 cm chacune. Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa. Don de Patsy et Jamie Anderson, Toronto, 2001 (41032.1-5). © General Idea. Photo : MBAC
One Year of AZT [Une année d’AZT], One Day of AZT [Une journée d’AZT]
1991
Bonjour, mon nom est Patrick Bérubé…. Je suis un artiste en arts visuels québécois… Je vie et travaille à Montréal.
Mon premier contact avec l’œuvre de General Idea a été très tôt dans ma carrière… Je n’avais que 22 ans et je débutais tout juste mes études en arts visuels à l’université du Québec à Montréal. C’était à l’intérieur de la « Bible » de l’époque - pour nous, jeunes artistes néophytes - qui ne se nommait rien de moins que : Art at the Turn of the Millenium, de l’éditeur Taschen. Il faut y voir le nombre de Post-it accrochés à ses pages pour comprendre à quel point ce livre était l’un de mes outils de référence par excellence à l’époque. L’un de ces Post-it épinglait, bien évidemment, les pages sur General Idea !
C’est en survolant récemment une partie, de leur travail et du mien, que j’ai remarqué d’importantes similitudes entre certaines de nos œuvres.
Je pense d’abord à l’œuvre One Day of AZT qui consiste en cinq énormes pilules blanches à rayures bleues, posées sur le sol au centre de la galerie. Représentant la dose quotidienne du médicament que prennaient les patients atteint du VIH (comme c’était le cas pour Jorge Zontal et Felix Partz à l’époque), elle est aussi une installation, à la fois Pop et minimaliste, utilisant des objets du quotidien que tout le monde peut reconnaitre.
Il est intéressant de constater qu’il existe des rapprochements formels, mais aussi conceptuel entre cette œuvre et tout mon travail sur les dragées de marque Tic-Tac ; utilisées comme image et symbole de divers objets ou habitudes de consommation, de bactéries, de remèdes ; ou encore de dépendances pour faire face à différentes problématiques de l’existence - qu’elles soient physiques, psychologiques, politiques, culturelles ou sociales - à travers cette fatalité du temps qui passe…

General Idea, XXX Voto (for the Spirit of Miss General Idea) [pour l’Esprit de Miss General Idea], 1995. Publication imprimée à l’offset, 14,5 × 11 cm. Collection Art Metropole, Bibliothèque et Archives du Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa. Don de Jay A. Smith, Toronto, 1999. © General Idea. Photo : General Idea Archives, Berlin, avec l’autorisation de l’artiste
The Spirit of Miss General Idea [L’esprit de Miss General Idea]
1995
Bonjour, je m’appelle Rinaldo Walcott. Je suis professeur à la Women and Gender Studies Institute (l’Institut d’études sur les femmes et le genre) de l’Université de Toronto. Je suis spécialiste en études queers noires.
Rappelant des figures fantomatiques, The Spirit of Miss General Idea [L’esprit de Miss General Idea] joue sur notre connaissance et notre reconnaissance généralisées de la culture des concours de beauté. Avec remarquable prescience, General Idea a vu dans l’avenir de la télé-réalité et des émissions comme RuPaul’s Drag Race, Next Top Model et ce genre de télévision et nous a donné un ou des personnages qui refusent les normes de genre, s’engagent dans la culture de consommation et placent la mode et le style au centre de leur identité, le tout présenté à la fois comme une parodie et une critique sournoise. The Spirit of Miss General Idea [L’esprit de Miss General Idea] s’est répété sur toutes les plateformes de présentation de General Idea ; la figure fantomatique s’est ainsi jointe à la pratique de la répétition adoptée par le collectif. On constate en effet des échos de Miss General Idea dans Miss Chief Eagle Testickle, l’artiste autochtone bien connue habitée par Kent Monkman. Ces performances de General Idea et de Monkman brouillent les genres et critiquent le masculinisme du monde de l’art ainsi que sa position souvent silencieuse, contradictoire, voire hypocrite, sur les questions de sexualité queer et de différences des genres. Enfin, on pourrait voir dans The Spirit of Miss General Idea [L’esprit de Miss General Idea] une œuvre préoccupée par le manque de fiabilité de l’histoire, par la frontière ténue entre la fiction et la réalité, et même par le manque de fiabilité du temps. Pourtant, The Spirit of Miss General Idea [L’esprit de Miss General Idea] nous laisse entrevoir un passé que nous n’avons peut-être pas vécu. Les œuvres de Kent Monkman sont exposées dans les galeries d’art contemporain du MBAC jusqu’en septembre.
À propos
des présentateurs

Esmaa
Mohamoud
Esmaa Mohamoud (canadienne, née en 1992), est une artiste afro-canadienne installée à Toronto. Elle est titulaire d’un Baccalauréat en beaux-arts de l’Université Western (2014) et d’une Maîtrise en beaux-arts de OCAD University (2016). Mohamoud a récemment exposé à la Galerie d’art de l’Ontario, au Musée royal de l’Ontario, au Musée des beaux-arts de Montréal et à l’Institut des sciences humaines de l’Université du Michigan, aux États-Unis. Ses expositions individuelles et à venir comprennent : To Play in the Face of Certain Defeat, en tournée au Museum London, à l’Art Gallery of Hamilton, à la Galerie d’art d’Ottawa et au Musée des beaux-arts de Winnipeg, et au Musée des beaux-arts de l’Alberta, ainsi que It Cannot Always Be Night, présentée à l’Arsenal New York. Parmi les expositions collectives actuelles, citons : Garmenting: Costume and Contemporary Art, organisée sous le commissariat de M. Alexandra Schwartz, Ph. D., au Musée des Arts et du Design, New York, NY, États-Unis, et In These Truths, organisée sous le commissariat d’Edreys Wajed, d’Aitina Fareed-Cooke, et d’Aaron Ott, à la galerie d’art Albright-Knox.

Luis
Jacob
Luis Jacob est un artiste né au Pérou et installé à Toronto, dont le travail déstabilise les conventions de visualisation et invite à des collisions de sens. Depuis sa participation à la documenta12 en 2007, il a acquis une renommée internationale – avec des expositions au Musée des beaux-arts de l’Ontario, à Toronto, et au Agnes Etherington Art Centre, à Kingston (2022); The Corner at Whitman-Walker, à Washington, DC (2021); le Museum der Moderne Salzburg, le Württembergischer Kunstverein Stuttgart, et la Toronto Biennial of Art (2019); la Biennale de Montréal (2016); le Tanya Bonakdar Gallery, à New York (2015); la Biennale de Taipei (2012); la Generali Foundation de Vienne (2011); le musée Solomon R. Guggenheim de New York (2010); l’Association d’arts de Hambourg et la Power Plant Contemporary Art Gallery (2008).

Marlene
Yuen
Marlène Yuen est une artiste en arts visuels installée à Vancouver; elle a exposé dans des galeries, des centres d’art autogérés et des événements culturels au Canada, aux États-Unis, au Royaume-Uni, en Belgique et au Japon. Bien qu’elle soit une artiste multidisciplinaire, elle met actuellement l’accent sur l’illustration et les livres faits main; ses livres d’artiste ont été conservés dans des collections spéciales à l’échelle nationale et internationale. Ho Sun Hing Printers est le livre le plus récent de Marlène. Il s’agit de la première imprimerie typographique sino-anglaise du Canada, située dans le quartier chinois historique de Vancouver. Il s’agit d’une co-publication avec la Grunt Gallery.

Patrick
Bérubé
Patrick Bérubé a obtenu une Maîtrise en arts visuels et médiatiques de l’Université du Québec à Montréal en 2005. Finaliste pour le prix Pierre Ayot à deux reprises, son travail a été remarqué sur la scène nationale et internationale par ses participations à de nombreuses expositions et événements majeurs, notamment à New York, Berlin, Londres et au Luxembourg. Il compte également plusieurs séjours en résidence d’artiste dont le Hangar à Barcelone, en Espagne, la Cité internationale des Arts à Paris, et à Buy-Sellf, à Bordeaux. Membre Actif de la galerie Clark à Montréal, il a aussi réalisé plusieurs oeuvres d’intégration à l’architecture (1%).

Rinaldo
Walcott
Rinaldo Walcott est professeur d’études culturelles de la diaspora noire à l’Institut d’études sur les femmes et le genre, et membre du programme d’études supérieures de l’Institut d’études cinématographiques de l’Université de Toronto. De 2002 à 2007, M. Walcott a été titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur la justice sociale et les études culturelles à l’Institut d’études pédagogiques de l’Ontario.
M. Walcott est l’auteur de Black Like Who: Writing Black Canada (Insomniac Press, 1997 dont la deuxième édition a été révisée en 2003); il est également l’éditeur de Rude: Contemporary Black Canadian Cultural Criticism (Insomniac, 2000) et de Queer Returns: Essays on Multiculturalism, Diaspora and Black Studies (Insomniac, 2016). Il est coauteur avec Idil Abdillahi de BlackLife: Post-BLM and the Struggle for Freedom (ARP Books, 2019). De plus, M. Walcott est le coéditeur, aux côtés de Roy Moodley, de Counselling Across and Beyond Cultures: Exploring the Work of Clemment Vontress in Clinical Practice (University of Toronto Press, 2010).
L’enseignement et les recherches de M. Walcott portent sur les études culturelles de la diaspora noire et les études postcoloniales. Dans ce contexte, M. Walcott s’intéresse particulièrement aux questions de sexualité, de genre, de nation, de citoyenneté et de multiculturalisme. En tant qu’universitaire interdisciplinaire en études sur les Noirs, M. Walcott a publié sur un large éventail de plateformes. Ses articles ont paru dans des revues et des livres, ainsi que dans des médias populaires comme des journaux, des magazines et des sites Web, ainsi que dans d’autres types de médias. M. Walcott a récemment publié deux livres : Long Emancipation: Moving Toward Black Freedom (Duke University Press, 2021); et On Property (Biblioasis, 2021 qui a été présélectionné au Toronto Book Award). Il est originaire de la Barbade.
Commanditaire majeur
Avec l’appui de
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Salah Bachir et Jacob Yerex
Jay Smith et Laura Rapp
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