
Paraskeva Clark, Moi-même (détail), 1933. Huile sur toile, 101,6 × 76,7 cm. Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa. Acheté en 1974 © Succession Paraskeva Clark. Photo : MBAC
Sans invitation : les artistes canadiennes de la modernité
Lumière sur un pan méconnu de l’histoire de l’art canadien
Sans invitation rend hommage à une génération phare de femmes peintres, photographes, vannières, perleuses et sculptrices du siècle passé. Ensemble, elles ont ouvert de nouveaux horizons pour les femmes artistes au Canada, comme en témoigne cette exposition qui propose un aperçu de la créativité féminine dont l’expression s’est affirmée dans différentes régions du pays pendant les années d’effervescence de l’entre-deux-guerres.
Incorporant les œuvres d’artistes visuelles autochtones et allochtones dans une émouvante manifestation de la voix créatrice des femmes, Sans invitation remet en question la quintessence de l’art canadien. L’exposition explore la diversité de créatrices de partout au pays, dont beaucoup ont été négligées par l’histoire de l’art conventionnelle. Il en ressort une ardente mission sociale pour l’art, qui se distancie de la nature sauvage et des territoires dépeuplés représentés par de nombreux artistes masculins de l’époque pour offrir plutôt des visions poignantes des villes, de l’extraction des ressources, des problèmes sociaux, de la psychologie humaine, du déplacement des peuples autochtones et de l’expérience vécue par la population immigrante. Ces femmes ont offert aux regards ce que leurs homologues masculins étaient peut-être moins enclins à voir, produisant un art d’une profonde humanité, curiosité et clairvoyance.
Regroupant près de 200 œuvres d’art, la présentation de Sans invitation par le Musée des beaux-arts du Canada comporte plus d’une trentaine de pièces issues de ses propres collections. Le Musée est ravi d’être la quatrième et dernière halte de cette remarquable exposition, qui offre un portrait des plus complets et diversifiés des arts visuels au Canada dans une période cruciale de la modernité.
Organisée par la Collection McMichael d’art canadien avec le soutien exceptionnel du Musée des beaux-arts du Canada
Date
Emplacement
Le processus de la croissance de l’art d’une nation est le processus de la croissance de l’âme d’une nation, de la conscience de cette nation.
—Paraskeva Clark
Œuvres
Audio
Ne manquez surtout pas Des œuvres qui inspirent, une visite audio spéciale réalisée en conjonction avec Sans invitation.
Série de concerts :
écoutez de la musique inspirée de l’exposition.
Le saviez-vous ?
Les femmes artistes de premier plan au Canada durant la première partie du vingtième siècle sont pour la plupart dûment qualifiées pour avoir étudié dans les grandes écoles d’art de Montréal, de Toronto et de Vancouver ainsi qu’à New York, Londres et Paris. Leurs homologues masculins sont quant à eux surtout formés en illustration commerciale et en graphisme.
On se rit d’Isabel McLaughlin et de sa toile d’un redoutable et puissant arbre, les critiques affirmant à demi-mot de la peinture paysagiste qu’elle est une activité strictement réservée aux hommes. La peintre persistera malgré tout dans la résistance.
Si les artistes masculins de l’époque réservent un traitement théâtral et souvent sinistre aux thèmes autochtones, y percevant un mode de vie moribond, il en va tout autrement pour plusieurs femmes artistes allochtones. Celles-ci cherchent à en savoir plus long sur ces communautés bien vivantes, expriment des affinités discrètes avec elles et une fascination subtile à leur endroit.
Alors que les idéaux de la gauche quant à l’ordre social émergeaient au Canada pour contrer les effets dévastateurs de la Dépression et la montée du totalitarisme en Europe, des artistes comme la peintre d’origine russe Paraskeva Clark et la peintre montréalaise Marian Dale Scott défendent ardemment le mouvement qui réclame une société plus équitable.
Après la Première Guerre mondiale, les femmes nouent de nouveaux types de rapports sociaux dans des lieux urbains de leur choix et de leur propre création. C’est notamment le cas des sculptrices Frances Loring et Florence Wyle qui s’approprient une ancienne église-école où elles élisent domicile. Ce faisant, elles créent un espace libre propice aux idées et aux explorations de toutes sortes, bousculant au passage, par la puissance de leurs sujets, les normes de genre et les pratiques de sculpture qui prévalent à l’époque.
Dans le respect de leurs traditions, les femmes des communautés noires et mi'kmaq de la Nouvelle-Écosse fabriquent des paniers et des boîtes qu’elles vendront devant l’entrée du marché d’Halifax, dont l’accès leur est interdit. Dans un cas comme dans l’autre, la fabrication de ces biens met en évidence le lien familial qui les unit aux générations de femmes les ayant précédées.
À l’époque, si les sujets industriels et les éléments cubistes définissent les œuvres de femmes artistes comme les peintres Bess Larkin Housser Harris et Kathleen Munn, d’autres trouvent une révélation soudaine dans les lignes des objets du quotidien. C’est notamment le cas de la photographe Margaret Watkins qui, dans une ode au traintrain domestique journalier, jette un regard nouveau sur les jolies courbes d’un lavabo en porcelaine ou celles d’un tuyau de douche en caoutchouc enroulé sur lui-même.
Emily Carr appelle ses souches d’arbre des « hurleuses », les posant ainsi en victimes de la cupidité humaine. Si les toiles de Carr se veulent une mise en garde, elles sont aussi une source de réconfort, car les cieux qui les habitent semblent chercher à nous consoler en évoquant un retour à la force vitale dont est douée la nature.

Margaret Watkins, L'évier, v. 1919. Épreuve au palladium, 21,3 × 16,4 cm. Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa. Acheté en 1984 grâce à une subvention du Gouvernement du Canada en vertu de la Loi sur l’exportation et l’importation de biens culturels. © Joseph Mulholland, Glasgow, Écosse. Photo : MBAC
Parlons d’art
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La salle
des ancêtres
Dans une initiative complémentaire à Sans invitation, le département Voies autochtones et décolonisation du Musée des beaux-arts du Canada a créé une salle des ancêtres adjacente, une « exposition dans l’exposition », qui présente des œuvres d’artistes autochtones autrefois connues.
Qu’entend-on par « sans invitation » dans le contexte autochtone ? A-t-on jamais invité les artistes autochtones à donner leur point de vue ? Il apparaît rétrospectivement que les Autochtones, hommes ou femmes, font partie des personnes que l’histoire a laissées-pour-compte. Si les colonisateurs et les allochtones ont souvent vu dans les hommes autochtones des leaders, ils n’ont pas reconnu le rôle important et puissant joué par les femmes autochtones au sein de leurs propres familles, communautés et nations.
La sélection des sept œuvres exposées dans cette salle rend compte de la diversité des régions représentées dans la collection d’art autochtone historique du MBAC. Créées entre la fin du XVIIIe siècle et les années 1920, ces œuvres racontent un récit perceptible dans leur raison d’être culturelle et utilitaire, leur matérialité et le chemin parcouru depuis leur communauté d’origine jusqu’à leur entrée dans la collection nationale.
Des spécialistes de l’art autochtone effectuent à l’heure actuelle des recherches sur les œuvres de la présente collection. Portant d’abord sur ces sept créations des plus anciennes, leur important travail se poursuivra plus avant avec d’autres œuvres d’art autochtone historique conservées au Musée.

Catalogue
Une oeuvre magistrale qui rend hommage au talent des artistes de l’entre-deux-guerres, Sans invitation : Les artistes canadiennes de la modernité propose une étude exhaustive de la production artistique des femmes durant cette période charnière, incorporant les oeuvres d’artistes allochtones et autochtones dans une affirmation vibrante de l’expression créative des femmes.
Disponible à la Boutique du Musée ainsi qu’en ligne
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La présentation du Musée des beaux-arts du Canada est soutenue par Reesa Greenberg.