Angela Grauerholz

« Très tôt dans ma carrière, je me suis consacrée à l´image autonome. J´essayais d´élaborer un certain langage : des images transcendant les frontières entre peinture et photographie. Après cette période, j´ai choisi de revisiter mon travail et d´en acquérir une compréhension sous l´angle d´un traitement de mes images (et d´autres) d´un point de vue archivistique. »

- Octobre 2006

La photographie et la typographie sont depuis toujours une passion pour l´artiste montréalaise Angela Grauerholz. Au c´ur de sa pratique, on retrouve une sensibilité romantique liée à son héritage nord-germanique et un intérêt de longue date pour le féminisme, l´art conceptuel et diverses perspectives théoriques sur la photographie. Dans son œuvre, elle explore la notion de mémoire, ainsi que les idées liées aux collections et aux archives.

Grauerholz étudie le graphisme à la Kunstschule Alsterdamm à Hambourg et la littérature et la linguistique à l´Université d´Hambourg. En 1976, elle s´installe au Canada, et obtient en 1980 une maîtrise en photographie de l´Université Concordia. La même année, elle cofonde ARTEXTE, centre d´information en art contemporain, une importante collection pour l´art canadien. Depuis 1988, elle enseigne à l´École de design de l´Université du Québec à Montréal, dont elle dirige depuis 2008 le Centre de Design.

Dans ses premières oeuvres, Angela Grauerholz structure un langage photographique souvent associé aux photographies anciennes ou historiques. Tirées de la réalité, ces images « hors du temps », qui flottent entre passé et futur, servent à refléter les pensées, émotions et souvenirs du spectateur (La bibliothèque, 1993). Dans ces oeuvres, elle manipule la mise au point, l´exposition, le cadrage et autres dispositifs formels pour créer le rendu d´un instantané ou l´impression d´une vision du monde au travers d´une brume mélancolique. Les sujets variés illustrent des scènes de lieux ordinaires, dont des paysages (Cimetière juif, 1994), des zones d´attente, des aires d´arrivée et de départ et des images de personnes (Jean Blodgett, 1984). Dans les années 1990, la pratique de Grauerholz évolue de la photographie unique et autonome vers des projets intégrant des images multiples à l´installation et à la sculpture : dans ses choix de thèmes, elle explore les idées relatives aux archives et à la mémoire collective. Dans ces œuvres, elle remet en question l´utilité pour elle de réaliser plus de photographies, et apporte ordre et contexte à la profusion d´images qu´elle a prises au cours des ans. Elle étudie des systèmes d´accession et de contextualisation concernant sa propre œuvre ainsi que sa vaste collection de matériels visuel et textuel composée de photographies, de cartes postales, de brochures, de textes, de coupures de journaux, d´art, de littérature, etc. Amassée au fil des années, cette collection peut être vue comme un reflet de sa compréhension de l´art et de la pratique artistique. En 2008, elle numérise ses archives et les place en ligne avec l´oeuvre Web www.atworkandplay.ca, lancée en 2009.

Grauerholz a reçu le prix du Québec Paul-Émile-Borduas (2006) pour ses réalisations dans le domaine artistique.

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