Faye HeavyShield
Délicat et fragile, mais néanmoins fort et puissant : l’art de Faye Heavyshield paraît minimal, mais déborde d’évocations. Il porte sur l’existence troublée d’une femme autochtone qui a grandi dans un pensionnat sur la réserve Blood en Alberta au Canada.
En 1980, à l’âge de 26 ans, Heavyshield s’inscrit au Collège des beaux-arts de l’Alberta et se penche sur son identité autochtone : elle fouille la vie et les souvenirs de sa famille. Elle commence à combiner des objets matériels comme des os, des herbes et du bois avec des récits personnels pour créer un art qui évoque la force, la colère et la détermination. Comme elle ne veut ni manipuler, ni embellir son passé, Heavyshield raconte ces souvenirs avec simplicité. Elle déclare qu’elle ne « tentera pas d’apprêter un souvenir, car il en serait tout simplement alourdi. » (Bone Things: The Art of Faye Heavyshield, 1992).
« Parmi mes souvenirs les plus anciens et les plus vivaces, il y a celui où mon père écorchait un chevreuil : la beauté des yeux de l’animal, sereins dans la mort, l’odeur du sang, le crépitement du gras lors de l’arrachage de la mère, et le bon goût du repas que ma mére avait cuisiné. Cette image, et d’autres que j’ai vues plus tard dans les statues de Jésus sur la croix, dans l’architecture des vieilles maisons - les poteaux des tipis avant qu’on ne les recouvre de peau ou de toile et les structures laissées en place après la danse du Soleil - et sur le corps des vieillards. Lorsque j’ai commencé mes études en art, ces influences ont émergé sous la forme d’images biomorphiques, armatures squelettiques aux vestiges de « chair », conjuguées à un langage architectural et figuratif. Monochrome, comme la solitude et la simplicité de la prairie. Il m’arrivait parfois de construire une surface en hauteur puis, à partir de là, d’enlever les couches.»
- Faye HeavyShield, 1992
Dans son travail, Heavyshield exprime la voix d’« elle », le cri désincarné d’une âme tourmentée. Évocatrices d’expériences passées ou imminentes, ses sculptures sont un résidu de ce qui fut peut-être, de ce qui peut survenir ou de ce qui persiste.
Présenté dans des expositions individuelles et collectives telles Terre, Esprit, Pouvoir au Musée des beaux-arts du Canada et Nouveaux territoires à Vision Planétaire de Montréal, le travail de Faye Heavyshield a suscité attention et reconnaissance. Elle vit et travaille à Calgary.
