Fritz Brandtner
« On peut comparer la nature à un cadre (le cadre de la vie). C´est la bordure autour des frontières de l´expérience. Si nous continuons à considérer uniquement le cadre de la nature et non le contenu émotif, nous n´avons alors rien gagné ni utilisé le langage du peintre de façon valable. L´art vient davantage du caractère et de la personnalité que de la théorie et de l´imitation de la nature ».
(Fritz Brandtner, fin des années 60)
Né en Allemagne, Fritz Brandtner était peintre, dessinateur, muraliste et enseignant. Il a amené à Winnipeg, et à Montréal par la suite, sa compréhension des développements de l´art en Europe, plus particulièrement l´expressionnisme allemand. Ses préoccupations sociales profondes sont visibles, non seulement dans un grand nombre de ses œuvres d´art, mais aussi dans les programmes d´art très fructueux qu´il a créés à l´intention des enfants défavorisés.
Essentiellement autodidacte dans le domaine des arts, Brandtner a été l´adjoint du post-impressionniste August Pfuhle dans son atelier et il a donné des ateliers de modèle vivant à l´Université de Danzig. Au même moment, il travaillait comme graphiste et il a participé à au moins une exposition collective à Danzig. En 1928, il déménage au Canada, s´établissant à Winnipeg, où il présente une exposition solo dans les mois suivant son arrivée. Il a travaillé comme artiste commercial, muraliste et décorateur scénique, et il a rencontré Bertram Brooker, LeMoine FitzGerald, Caven Atkins et Philip Surrey. FitzGerald lui a conseillé de déménager à Montréal, pour sa scène artistique plus expérimentale, et l´a mis en contact avec Robert Ayre, le critique d´art de Montréal, originaire de Winnipeg.
En 1934, Brandtner a suivi le conseil de son ami et peu de temps après Ayre le présentait à la communauté artistique de Montréal, notamment à Louis Muhlstock, André Biéler, Jori Smith, John Lyman et Anne Savage. Le Dr Norman Bethune et Marian Scott comptaient également parmi les premiers contacts de Brandtner à Montréal. Les trois partageaient un souci commun envers les causes sociales. En 1936, Bethune a mis sur pied une exposition des œuvres de Brandtner chez Henry Morgan and Co. au profit de la Ligue canadienne contre la guerre et le fascisme. La même année, Brandtner et Bethune ont fondé le Children?s Art Centre, et Scott s´est rapidement joint au personnel enseignant.
Au cours des 20 années suivantes, Brandtner a enseigné l´art dans de nombreuses écoles et organisations communautaires, et a dirigé pendant plusieurs années l´école d´art d'été de l´Université du Nouveau-Brunswick. Avec Pegi Nicol Macleod et Louis Muhlstock, il a fourni des illustrations à des périodiques tels The Canadian Forum et New Frontier. Il a effectué de nombreux voyages pour faire des esquisses et peindre en Gaspésie, dans les Laurentides et en Nouvelle-Écosse.
Artiste prolifique, Brandtner a fait de la peinture à l´huile, de l´aquarelle, du dessin à la mine de plomb et au fusain, et a utilisé des techniques mixtes, le linoléum gravé et l´encaustique. Dans ses œuvres tant figuratives qu´abstraites, ses sujets étaient variés et comprenaient des paysages, des scènes urbaines, des portraits et des images contre la guerre, de même que des natures mortes. Les hommes de 1939 (1939) illustre l´influence de l´expressionniste allemand George Grosz. Il a expérimenté l'abstraction très tôt, et ses voyages de peinture ont inspiré de nombreux paysages abstraits, notamment Rive sud du Saint-Laurent (v. 1957).
Brandtner a présenté quelque 15 expositions en solo un peu partout au Canada et il a participé à de nombreuses expositions collectives internationales. Il a été membre de la Société d´art contemporain et il a reçu plusieurs prix, notamment le Prix Jessie Dow en 1946, décerné par l´Art Association of Montreal.

Collection de Bibliothèque et Archives, Musée des beaux-arts du Canada