Garry Neill Kennedy

"Je n’ai ni description générale, ni position théorique qui peut servir à expliquer mon travail... J’interroge la peinture - ma peinture, la peinture d’autres artistes, la peinture contemporaine et historique classique, et la peinture populaire, comme peindre une maison ou une affiche... Je peux certainement dire que mon travail porte souvent sur le lieu où je le fais... J’ai découvert qu’un travail qui interroge le lieu et le matériau est toujours critique."

Garry Neill Kennedy, 1995

Garry Neill Kennedy est un artiste, un éducateur en art et un ancien président de collège de beaux-arts. Il étudie au Collège des beaux-arts de l’Ontario, puis obtient son baccalauréat en arts visuels de l’Université de Buffalo. Kennedy termine sa maîtrise en arts visuels à l’Université d’Ohio en 1965. Outre sa pratique artistique, il dirige le Nova Scotia College of Art and Design (NSCAD) jusqu’à le faire connaître dans le monde entier. De 1967 à 1990, il est président du NSCAD et il continue à enseigner. L’influence de Kennedy sur le NSCAD est immédiate et fondamentale au point d’en faire une mecque de l’art conceptuel. Kennedy veille à l’établissement d’un lien solide entre le NSCAD et les institutions artistiques et les artistes de New York.

Malgré la multiplicité des matériaux dans son travail, Kennedy est surtout connu pour ses peintures, ce qui est inhabituel pour un artiste réputé être conceptuel. Associé à l’art des années 1960 et 1970, le conceptualisme met l’accent sur les idées génératrices d’œuvres d’art plutôt que la création d’objets d’art. L’œuvre Allocations (1980) est montée à l’occasion d’une exposition pour souligner le centième anniversaire du Musée des beaux-arts du Canada. Kennedy revendique alors l’espace inutilisé de toute l’exposition comme son espace, sa part. Dans l’exposition, son œuvre prend la forme d’un dépliant décrivant sa revendication de l’espace. Kennedy conteste ainsi le cadre institutionnel de la galerie qui divise l’espace comme un bien foncier que les artistes occupent temporairement.

Kennedy choisit les matériaux, établit l’ensemble des règles qui présideront à l’exécution du tableau, puis fait confiance au processus en suivant ses règles jusqu’à l’achèvement de l’œuvre. Il résout le problème qu’il s’est lui-même posé à l’intérieur des contraintes des matériaux. Parmi les idées dont il a tiré des peintures dans le passé, mentionnons : quelle est la taille moyenne d’une peinture canadienne; qu’est-ce que la peinture de figure; quelles sont les peintures commerciales dont le nom évoque l’histoire américaine? Une peinture d’histoire américaine (semi-lustrée) (La liste intégrale de la série de couleurs historiques de Pittsburgh Paints) (2000) comprend un carton de chaque couleur entourant le nom de la couleur peinte directement sur le mur. Celles-ci sont empilées du plancher au plafond du nom le plus long au plus court, qui se trouve être " Gunstock ", la couleur qui sert d’arrière-plan à l’œuvre. Kennedy a bien aimé cette coïncidence puisqu’il y voit, dans les mots " fusils " et " réserve ", un code secret indiquant comment les États-Unis sont parvenus au pouvoir mondial.