Gathie Falk

"Mon idée, c’était de réaliser les choses que j’avais en tête. Toutes étaient des expériences, et il s’agissait tout simplement de faire les choses dans mon esprit qui étaient fortes au plan visuel et émotif."

- Gathie Falk, 1999

Gathie Falk définit son travail comme une " vénération de l’ordinaire ", le traitement fantaisiste et drôle d’objets banals de la vie quotidienne. Pour ce faire, elle travaille une variété de médiums, de la performance à la sculpture, en passant par la céramique, la peinture et le dessin. Elle est née dans les Prairies d’immigrants russes.

Falk évoque avec attachement le village mennonite où les gens de sa famille ont émigré au XIXe siècle. Elle se souvient des champs de melons rouges et juteux, de la fragilité et de l’économie des oufs, des jardins de sa mère, des amas de fruits frais du cerisier de ses voisins, des souliers et des robes confectionnés à la maison, du Parchési coloré avec ses illustrations fascinantes de scènes rurales. Des moments intimes comme ceux-là, vécus au milieu de difficultés économiques, referont plus tard surface dans son travail artistique.

Bien qu’elle doive travailler très tôt dans la vie pour aider financièrement sa famille, Falk suit des cours du soir pour compléter son éducation et trouve le temps d’étudier le chant, le violon et le piano. Après des années de travail à l’usine, elle devient institutrice. Elle consacre son temps de loisirs et ses étés à des études en art et, en 1965, après une décennie d’enseignement, elle décide de se consacrer à sa carrière artistique. La même année, elle présente sa première exposition solo et se rend en Europe pour la première fois. En 1968, Falk découvre l’art de la performance lors d’ateliers donnés à Vancouver par l’artiste new-yorkaise Deborah Hay. Ce médium l’attire car elle le trouve bien adapté à ses sensibilités. Falk travaille alors à élaborer un style unique de performance. La répétition d’activités ordinaires et de motifs ménagers est alors centrale à sa performance et des éléments, comme les oufs, les souliers et les gâteaux, reviendront constamment dans ses œuvres sculpturales et ses installations.

Au début des années 1970, Falk se tourne de nouveau vers la peinture et la sculpture. Durant ces années, elle crée des œuvres marquantes comme Huit bottes rouges (1973), qui se trouve dans la collection du Musée des beaux-arts du Canada et que les critiques considèrent théâtrale et influencée par le surréalisme. La juxtaposition d’objets ordinaires dans un environnement inhabituel fait surgir une nouvelle expérience de la réalité souvent de dimension onirique. Cet atmosphère est également évoqué par le traitement énigmatique des objets quotidiens comme la pyramide de pommes rouge vif en céramique, le gâteau de fête qui flambe, les souliers usés préservés et mis sous verre. D’autres œuvres, dont Pique-nique avec pendule et coquetiers (1976) et Pique-nique avec gâteau de fête et ciel bleu (1976), qui sont également dans la collection du Musée, sont exemplaires des motifs centraux de l’œuvre de Falk sur le passage du temps, la finitude et la mort. Moulées en céramique et couverts d’un vernis brillant et coloré, elles sont typiques des surfaces brillantes et luisantes qu’affectionne l’artiste et de son désir de voir ses sculptures ressembler à des objets vivants qui respirent. Robe avec chandelles (1997), faite de papier mâché et que le Musée des beaux-arts du Canada a acquis en 1999, est exemplaire des thèmes récurrents de l’artiste sur les moments fugitifs de la vie et l’interaction entre la vie et la mort.

En reconnaissance de ses réalisations, Gathie Falk a obtenu le prix Gershon-Iskowitz en 1990 ainsi que le prix du Gouverneur Général pour les arts visuels et médiatiques en 2003 et a été faite officier de l’Ordre du Canada en 1997.

Falk vit et travaille dans le district de Kitsilano à Vancouver.

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