Gustave Courbet

"Le réalisme est, par essence, l’art démocratique".

- Courbet, " Le Précurseur d’Anvers ", le 22 août 1861, réimprimé dans Le Courrier du Dimanche, 1er septembre 1861, cité dans Valerie Bajou, Courbet, Paris, 2003, p. 218, note 94

Dans son art et ses écrits, Courbet crée et encourage le réalisme comme art de son temps. Il représente des travailleurs ordinaires avec une importance traditionnellement réservée à la peinture historique française. Courbet rejette les idées établies sur l’art, ainsi que l’intervention institutionnelle et étatique en art. Pour les artistes modernes, il représente lui-même l’artiste-héros indépendant.

L’enfance que vit Courbet sur la prospère ferme familiale de Ornans en Franche-Comté (près de la Suisse) fonde son régionalisme et son engagement à peindre les paysans. Il étudie l’art auprès d’anciens élèves d’Antoine-Jean Gros et de Jacques-Louis David à Ornans et à Besançon. En 1839, il déménage à Paris. Après une brève formation auprès de Charles de Steuben, Courbet rejette l’École des Beaux-Arts et lui préfère les académies d’art privées du père Suisse et du père Lapin. Il copie de l’art ancien au Louvre. En 1846-1847, Courbet visite la Hollande et la Belgique, où l’art de Rembrandt et de Hals l’influence. Dans les années 1850, ses "images historiques modernes" jouissent de la protection de Charles, duc de Morny. L’art et les écrits de Courbet sur le "réalisme" (dérivé de son ami Champfleury) ont influencé l’art moderne.

Courbet aborde les problèmes sociaux de son époque dans ses tableaux. Il peint de nombreux autoportraits et se représente au centre d’un vaste tableau aux multiples figures qu’il expose au Salon de Paris en 1851. Dans les années 1850, ses tableaux, quoique destinés au Salon et à l’Exposition universelle de 1855 à Paris, remettent en question l’esthétique et les mœurs sociales du temps. Dans les années 1860, il réalise des portraits moins controversés, des natures mortes et des paysages (Les roches d’Étretat, Normandie, 1866). Il revient à l’art "socialiste" en 1868. Au service de la Commune de 1871 à titre de président d’une commission protectrice des monuments, Courbet sauve le Louvre. À la défaite de la Commune, il est emprisonné pour la démolition de la colonne Vendôme et on lui commande de payer pour qu’elle soit érigée de nouveau. Courbet peint des natures mortes en prison, et les retravaille à sa sortie (Nature morte, 1871). En exil en Suisse à compter de 1873, il réalise quelques paysages atmosphériques (Dans le bois : neige, v. 1875), tout en vendant des œuvres réalisées par des assistants pour payer sa dette.

© Erich Lessing / Art Resource, NY

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