Henri Matisse
« ...je pense que rien n´est plus difficile à un vrai peintre que de peindre une rose, parce que, pour le faire, il lui faut d´abord oublier toutes les roses peintes.» Matisse 1953
Peintre, sculpteur et graveur français, Henri Matisse est considéré comme l´un des artistes les plus importants du XXe siècle. Il s´est bâti très tôt une réputation en tant que figure majeure du fauvisme, mouvement avant-gardiste d´artistes dont le style se caractérisait par une exaltation de la couleur plus proche de l'expressionisme que du naturalisme, de larges touches et un épurement de la forme. Au cours de sa longue carrière, Matisse a notamment pratiqué un art décoratif, réalisant des œuvres monumentales et novatrices, qui a eu pour point culminant des créations originales faites de découpures de papier.
Né en 1869, Matisse grandit dans une petite commune située à 200 km au nord-est de Paris, où il s´installe à l´âge de 18 ans pour y suivre des études de Droit. Il commence à peindre pendant sa convalescence après une opération de l´appendicite et abandonne finalement le Droit pour s´inscrire à l´Académie Julian en 1891, où il suit les cours du très renommé peintre des Salons William-Adolphe Bouguereau. Un an plus tard, il rejoint l´atelier de Gustave Moreau et entre peu après à l´École des Beaux-Arts. À 26 ans, il expose cinq tableaux au relativement conservateur Salon de la Société Nationale des Beaux-Arts, dont il devient membre associé.
Après son succès au Salon, Matisse s´engage sur une voie plus expérimentale, étudiant les Impressionnistes et adoptant une palette plus vive dont il explore les couleurs. Matisse, André Derain, Maurice de Vlaminck et d´autres élaborent un nouveau langage spontané de couleurs qui leur vaut d´être surnommés les fauves par un critique au Salon de l´automne 1905.
Au début du XXe siècle, alors que le Cubisme est le principal mouvement avant-gardiste, les tableaux de Matisse se font plus grands, plus colorés et plus exotiques. L´artiste concentre ses compositions sur les expériences directes de ses modèles et de ce qui l´entoure, influencé par ses voyages en Allemagne, en Espagne, en Russie et au Maroc. En 1908, il publie un traité important sur les buts de son art, intitulé « Notes d´un peintre », dans lequel il souligne les principes fondamentaux qu´il appliquera dans son processus créatif tout au long de sa carrière.
Après un voyage en Italie du Sud en 1925, Matisse adopte comme sujet favori le nu féminin, qu´il exprime par la sculpture, le dessin, la gravure et la peinture. Henriette Darricarrère, une musicienne et danseuse, est le modèle préféré de l´artiste à cette époque. Henriette II (grosse tête) et Nu au canapé jaune sont des exemples de cette importante production.
La réputation de Matisse est confirmée par la publication de sa première monographie en 1920 et sa popularité provoque l´envolée du prix de ses œuvres. En 1930, il reçoit deux commandes importantes qui l´occupent pendant plusieurs années. Ces commandes – des eaux-fortes originales pour un recueil de poèmes de Stéphane Mallarmé et la décoration murale du hall principal de la Fondation Barnes en Pennsylvanie – tracent la voie vers laquelle il dirige son art dans les années 1930 et au-delà.
En 1941, alors qu´on lui a diagnostiqué un cancer et qu´il est cloué dans une chaise roulante, Matisse élabore des moyens de travailler sur de grands murs depuis son lit. Ainsi, il se sert de découpures de papier pour créer des vitraux et d´autres œuvres de grande dimension (Océanie, la mer). Ce n´est que quand il a été gravement malade que Matisse a cessé de se livrer à une forme quelconque de création. Matisse reste considéré comme l´artiste qui a redéfini la peinture du XXe siècle.