Jack Bush

"Je ne cherche rien. Ça me vient. Par exemple, je marche le long d’une route et je vois une trace sur la route; ça me semble intéressant alors j’essaie d’en faire un tableau. Je regarde des fleurs dans le jardin - comment traduire ces couleurs, ces teintes florales, leur parfum et tout le reste? Je ne peins pas des fleurs, je peins l’essence, ce qu’elles me font personnellement ressentir et non pas ce qu’un autre ressentirait. Puis j’oublie les fleurs et je fais le meilleur tableau que je peux."

Jack Bush, 1977

Jack Bush est connu surtout pour ses tableaux abstraits réalisés des années 1950 aux années 1970. Il représente le Canada à la Biennale de São Paulo en 1967 et le Musée des beaux-arts de l’Ontario a fait circuler une grande rétrospective de son travail en 1976. Bush conçoit des publicités et des illustrations durant 42 ans avant de se consacrer à temps plein à la peinture en 1968.

Jeune homme à Toronto dans les années 1930, Bush dirige une entreprise d’art commercial et suit des cours du soir au Collège des beaux-arts de l’Ontario. Durant cette période, il connaît peu l’art européen moderne et, comme la plupart des autres peintres de Toronto à cette époque, il est surtout influencé par le Groupe des Sept. Les motifs décoratifs et les aplats colorés de l’artiste et concepteur graphique torontois, Charles Comfort, influencent également le premier style de Bush. Après avoir vu de l’art abstrait à Toronto et à New York, Bush commence à expérimenter l’abstraction au début des années 1950.

Bush fait partie des artistes torontois que se regroupent en 1954 sous le nom de " Painters Eleven " pour promouvoir la peinture abstraite. Grâce à cette appartenance, il rencontre Clement Greenberg, l’influent critique d’art new-yorkais qui l’encourage à abandonner son style expressionniste abstrait, caractérisé par des formes amorphes flottant dans le plan pictural. Bush simplifiera alors sa composition par l’application " all-over " de minces couches de couleurs brillantes inspirées de ses esquisses à l’aquarelle. Son travail se base sur la notation abstraite de ses perceptions. Il ne cherche pas à faire voir la fleur ou à faire entende la musique qui inspire l’œuvre, mais seulement à en partager l’impression par sa peinture.

Été, no 3 (1956) est un exemple des premiers travaux abstraits de Bush. Il dit vouloir peindre comme les peintres américains mais, comme il l’avoue, il n’a jamais pu imiter leur style. En rétrospective, il dira, " la différence, c’était " Bush " et je n’arrivais tout simplement pas à m’en débarrasser... heureusement."

Le grand A (1968), une acrylique sur toile, consiste en une bande verticale rouge flanquée de deux pans de couleurs contrastantes. Ces trois sections reposent sur quatre bandes horizontales. Bush applique les couleurs si finement que la texture de la toile est visible à travers le pigment. Les bordures entre les couleurs suivent une ligne droite, mais sont atténuées par les imperfections de l’application des pigments. Les couleurs se superposent et parfois ne se touchent pas, ce qui expose de petites surfaces de toile. À cette période, la peinture de Bush n’est plus que la simple application d’une " joyeuse " couleur vibrante sur une surface plane. Plus tard, dans les années 1970, l’artiste refera des tableaux avec arrière et avant-plan, mais les couleurs resteront vives.

 


 

Jack Bush. Illustrateur et peintre -- CONVERSATION MARC MAYER – SARAH STANNERS

Photo : Kryn Taconis, 1963
Collection de Bibliothèque et Archives, Musée des beaux-arts du Canada