Jack Chambers
Si ma peinture fonctionne, elle placera le spectateur dans un état d’animation suspendue. Elle l’amènera à réagir tout comme je l’ai fait à l’instant du phénomène originel.
Jack Chambers est peintre, réalisateur et militant de la cause des artistes. Il est le fondateur et premier président du Front des artistes canadiens (CARFAC).
Jack Chambers (né John) voit le jour à London, Ontario. À 12 ans, il remporte un concours de dessin, dont le premier prix est un nécessaire de peinture à l’huile. Trois ans plus tard, la London Public Art Gallery expose une de ses toiles. Il est intéressant de préciser qu’il s’agit de la première œuvre abstraite jamais présentée par le musée. Chambers suit des cours de graphisme à la H. B. Beal Technical and Commercial High School à London, Ontario. En 1949, il voyage au Mexique, où il s’installe pour six mois. À son retour à London, il s’inscrit comme étudiant à la University of Western Ontario. Après un trimestre, il abandonne l’école et exerce divers métiers, mais sans avoir le sentiment de s’accomplir.
En 1953, Chambers liquide tous ses avoirs pour partir en Europe; il visite l’Italie, l’Autriche et la France, où il rencontre brièvement Pablo Picasso. Chambers se rend ensuite en Espagne et s’inscrit à l’Académie Royale des beaux-arts de Madrid, dont il obtient un doctorat. Son expérience espagnole aura une influence majeure sur sa vie personnelle et artistique. C’est là qu’il se convertit du baptisme au catholicisme romain et rencontre Olga Sanchez Bustos, sa future femme. Celle-ci figure par la suite dans nombre des œuvres de l’artiste, comme Olga sur le bord de la Thames La famille de Chambers apparaît souvent dans ses créations, par exemple dans Messagers jonglant avec de la semence, où l’on trouve le portrait de ses parents.
Chambers rentre au Canada en 1961, année de son début derrière la caméra avec Le cerf de London. En 1967, il fonde la London Film Makers Co-op pour soutenir la réalisation et la distribution de films. Si la photographie joue un rôle dans la pratique picturale de Chambers depuis son séjour en Espagne, elle prend chez lui sa pleine mesure en 1969 avec la publication, dans le magazine ArtsCanada, de l’article qu’il consacre à sa théorie du réalisme perceptuel.
Chambers est un farouche défenseur du statut professionnel de l’artiste, au point où, avec ses collègues Tony Urquhart et Kim Ondaatje, il mène la lutte pour la création du Front des artistes canadiens. Fondé à London, Ontario le CARFAC est une organisation, toujours actif en 2010, qui œuvre à l’amélioration du statut professionnel des artistes au Canada par la revendication collective de la reconnaissance des droits d’auteurs et des redevances qui en découlent.
En 1969, Chambers apprend qu’il est atteint de leucémie et, bien qu’on ne lui donne que quelques mois à vivre, il combat la maladie pendant neuf ans. Durant cette période, ses œuvres atteignent à deux reprises un prix de vente record pour un artiste canadien vivant; il reçoit un doctorat honoris causa de la University of Western Ontario; Le Art Gallery of Ontario et le Vancouver Art Gallery lui consacrent une rétrospective; il enseigne à la Banff School of Fine Arts et la University of Alberta lui présente le National Award in Painting and Related Arts. Jack Chambers est membre élu de l’Académie royale des arts du Canada.