Jean McEwen

"Il y a deux façons de juger un tableau... L’une est fondée sur les critères et les théories de l’art. L’autre repose sur les sensations que suscite en nous le tableau. Je peints de la deuxième façon."

- Jean McEwen, 1956

Jean McEwen souhaite que ses tableaux abstraits, qui comportent de multiples couches de couleurs opaques et translucides, soient une expérience pour le spectateur. McEwen est particulièrement connu pour ses expérimentations dans l’application de la peinture par couche et par versement.

McEwen étudie la pharmacie à l’Université de Montréal, tout en s’intéressant à la poésie et à la peinture. En 1951, à moins d’un an de son diplôme, il décide de poursuivre une carrière comme artiste et découvre bientôt que l’expérimentation et l’expression non représentatives le passionnent. Il est inspiré par les membres automatistes de Montréal, Jean Paul Riopelle et Paul-Émile Borduas, qui croient à une créativité spontanée tirée de l’inconscient. Borduas encourage McEwen à rendre visite à Riopelle qui vit à Paris.

McEwen déménage à Paris en 1951 où il est influencé par le travail de Riopelle, de Jackson Pollock et de Sam Francis. En 1952, il peint dans un style similaire à celui de Riopelle, utilisant un couteau pour créer des effets de pleine surface, une méthode qu’il abandonnera plus tard quand il commencera à travailler avec les doigts.

À compter de 1957, McEwen travaille à une succession de séries expérimentales centrées sur la création d’un espace dynamique et plat par l’exploration des différentes qualités de la couleur. Ces œuvres n’évoquent en rien la nature, mais considèrent le rapport de la structure du tableau à sa couleur. Elles sont constituées par une stratification de pigments opaques et translucides. Entrelacements rouges (1961) est un exemple de sa recherche sur les effets sensuels de la couleur et l’expérience de la sensation pure. Les couches de rouge, de jaune et de brun couvrent la toile et lui donnent une sensation de profondeur et de fluidité.

Ses tableaux tardifs sont centrés sur un fort plan vertical qui intègre les différentes sections de l’image en un tout. McEwen comprend cette division comme la captation de la lumière dans deux sections par la variation de l’opacité des couleurs. Quoique le principal médium de l’artiste soit la peinture, il a également créé une série de livres d’artistes et un groupe de vitraux à l’Université Concordia de Montréal. Il a beaucoup exposé jusqu’à sa mort.