Joyce Wieland

"Je pense qu’être artiste signifie suivre sa propre voie et avoir le courage d’être qui on est et ce qu’on est. Posséder la connaissance de soi... cette découverte de soi profonde et obscure, dont une partie évolue et dont une autre partie engendre un sentiment de complétude."

- Joyce Wieland

Joyce Wieland est légendaire pour sa contribution à l’essor des arts visuels contemporains au Canada. Se décrivant elle-même comme une " militante culturelle ", elle est surtout connue pour avoir célébré l’identité nationale canadienne et avoir mis de l’avant les questions féministes dans la culture artistique principalement masculine de l’époque. D’abord peintre et cinéaste, elle utilise également des techniques traditionnelles féminines comme les courtepointes et les collages cousus à la main. Dans son esprit, le paysage et l’écologie du Canada sont féminins. Les problèmes du rapport entre les sexes et de la nationalité sont interchangeables. Ses préoccupations envers la protection de la Confédération canadienne et les rapports hommes-femmes refont constamment surface dans ses courtepointes, films et assemblages.

Wieland est élevée par sa soeur et son frère plus âgés après la mort de leurs parents. Elle se console en dessinant et en créant des bandes dessinées. Durant ses années d’école secondaire, on l’encourage à s’inscrire au programme d’arts visuels. Plus tard, son travail comme conceptrice graphique ainsi que dans une maison de production de films d’animation lui permet d’apprendre des techniques qu’elle utilisera dans sa future production artistique. En 1956, Wieland épouse l’artiste Michael Snow. Deux ans plus tard, elle présente sa première exposition solo et, en 1960, elle est représentée par le principal marchand d’art de Toronto, Avrom Isaacs de la Isaacs Gallery.

Wieland se plonge dans la scène artistique de New York où elle s’installe avec Snow en 1962. Elle s’intègre au milieu du cinéma underground. Elle réalise la plupart de ses films durant son séjour new-yorkais et les présente dans des festivals locaux.

Elle élabore plusieurs de ses idées, notamment sur le nationalisme et le féminisme, à New York durant son temps passé loin du Canada. La salle de réfrigération II (1964) montre l’influence de la culture pop et du cinéma américain sur son travail. À côté d’un avion-jouet et d’une image d’un bateau qui sombre, un cour découpé dans un matériel rouge est suspendu à sécher sur une corde à linge. Une série de tasses de café avec des marques de rouge à lèvres marquent le passage du temps. La prédominance du rouge et du blanc suggère une équation entre la peine d’amour, le désastre et les couleurs du drapeau canadien. Confedspread (1967), joyeusement composé d’un grand nombre de carrés de matériaux de remplissage synthétiques, en plastique de divers couleurs, cousus ensemble, est sa première tentative d’utiliser la forme de la courtepointe comme moyen d’expression.

D’autres courtepointes suivront : La raison avant la passion (1968) font allusion aux paroles de Pierre Trudeau. La rétrospective que lui consacre le Musée des beaux-arts du Canada en 1971 est la première d’une femme artiste. À cette occasion, elle présente des idées de collaboration artistique au public en embauchant des groupes de couturières pour l’aider à fabriquer des courtepointes.

La prolifique carrière de Joyce Wieland a duré plus de trente ans et en a fait une icône de l’histoire de l’art canadien. En lançant des idées et en brisant des conventions, elle a contribué de manière significative à l’essor de l’art contemporain au Canada.

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