Lucius R. O'Brien

« Imaginez qu’au lieu d’exposer de l’art canadien, les artistes canadiens contribueraient à représenter le Canada en évoquant comme ils le peuvent les aspects pittoresques de son paysage et de sa vie. (...) Ainsi le sujet rendrait intéressant ces tableaux et dessins de la vie et du paysage canadien et ils contribueraient concrètement à faire connaître et comprendre le pays. »

- Lettre de O’Brien, dans les documents Tupper cités par D. Reid (1990). Lucius R. O’Brien Visions of Victorian Canada, p. 63.

Paysagiste qui travaille à l’huile et à l’aquarelle, Lucius R. O’Brien est élu vice-président de l’Ontario Society of Artists 1874-1880. En 1879, il se rend à Ottawa pour adresser une pétition au gouverneur général nouvellement nommé d’accepter le rôle de protecteur de l’OSA. Le marquis de Lorne propose toutefois un plus vaste plan : créer une académie nationale qui réunirait les plus grands peintres, sculpteurs et architectes du pays. O’Brien devient le premier président de l’Académie royale des arts du Canada. Son dévouement tant à l’OSA qu’à l’ARC assure leur pérennité comme institutions culturelles patrimoniales essentielles. L’œuvre de Lucius O’Brien est l’expression du sentiment d’identité nationale de toute une génération, sentiment toujours vivant aujourd’hui.

O’Brien est né dans une cabane en bois rond à Shanty Bay sur les bords du lac Simcœ dans le Haut-Canada. Le jeune Dick, comme l’appelle sa famille, montre très tôt un intérêt pour le dessin, qu’il  développe probablement comme étudiant au Upper Canada College de Toronto. À l’âge de 15 ans, il entre au service d’un cabinet d’architectes et, plus tard, pratique l’ingénierie civile, dessinant durant ses vacances. Il peint à l’aquarelle et à l’huile et, à compter des années 1850, il fait preuve d’une grande maîtrise du dessin et du coloris. En 1873, il décide de se consacrer à sa peinture. O’Brien peint des paysages de l’Ontario, du Québec et du Nouveau-Brunswick, et traversera finalement tout le pays pour capter ceux de Colombie-Britannique.Le 6 mai 1880, l’Académie royale des arts du Canada organise sa première exposition à Ottawa. O’Brien, le président, et chaque académicien nouvellement nommé doit faire d’un don d’une œuvre représentative de son talent. O’Brien présente Lever du soleil sur le Saguenay, cap Trinité comme morceau de réception à l’Académie.  Peint en 1880, ce lever de soleil poétique symbolise l’essor prometteur des arts au Canada. Ces œuvres d’art, y compris le tableau de O’Brien, constituent la collection fondatrice de la toute nouvelle Galerie nationale du Canada. Les chutes Kakabeka sur la rivière Kamanistiquia est la dernière peinture à l’huile qu’il exposera pour les prochains douze ans, car il adopte alors l’aquarelle. Cette huile est née d’esquisses de la région des Grands Lacs, que O’Brien a réalisées comme directeur artistique de Picturesque Canada, un ambitieux projet de livre à l’époque. Près de la fin de la décennie, O’Brien réalise quelques très grandes aquarelles comme Une forêt de Colombie britannique. En 1886, avec l’achèvement du chemin de fer Canadien Pacifique, O’Brien est l’un des premiers artistes à voyager vers l’Ouest pour faire la promotion des montagnes Rocheuses. Dans son journal et ses lettres, O’Brien déclare que le paysage de la Colombie-Britannique est presque le ciel sur terre. L’un des plus grands aquarellistes de sa génération, O’Brien continue de peindre tant à l’huile qu’à l’aquarelle jusqu’en 1899.

Collection M.O. Hammond, Archives du Musée des beaux-arts du Canada