Marc-Aurèle Fortin

« Tous les artistes subissent l´influence des autres pour la technique, le métier. Mais le véritable artiste conserve sa tour d´ivoire, qui est impénétrable. La tour d´ivoire, c´est le domaine de l´inspiration, c´est là que l´artiste va chercher ses idées sur l´art. »
(Marc-Aurèle Fortin, 1969)

Le prolifique Marc-Aurèle Fortin a été peintre, aquarelliste, graveur et dessinateur et ses paysages très décoratifs et colorés mettent en valeur l´aspect pittoresque de la nature. Parmi ses sujets préférés, mentionnons d´énormes ormes feuillus, des maisons rustiques, des charrettes de foin et le port de Montréal; ses rares sujets humains semblent habituellement écrasés par la nature. Sur le plan technique, Fortin était inventif, expérimentant à l´aide de différentes méthodes d´aquarelle, de peinture à l´huile et de techniques mixtes.

Fortin a étudié à Montréal sous la direction de Ludger Larose et Edmond Dyonnet, puis sous Edward J. Timmons à l´Art Institute of Chicago. C´est là qu´il a découvert les œuvres de Jean-François Millet, de Claude Monet et de Mary Cassat, ainsi que celles des peintres britanniques Frank Brangwyn et sir Alfred East. À son retour à Montréal en 1914, Fortin a occupé divers emplois et peignait dans ses temps libres. C´est en 1920, à l´issue d´un court voyage en Angleterre et en France, qu´il a commencé à peindre sérieusement et à exposer ses œuvres, qui comprenaient des scènes de l´île de Montréal, principalement rurale à l´époque, et de son lieu de naissance, Sainte-Rose, au nord de l´île. Pendant l´été, il se rendait à Québec, à l´île d´Orléans et dans Charlevoix, dessinant et peignant des maisons et des scènes rurales. Entre 1923 et 1926, il a peint un grand nombre de ses célèbres scènes d´arbres. En 1928, le critique Jean Chauvin a consacré un chapitre de son livre sur les artistes canadiens, Ateliers, à Fortin, le comparant à « un magicien faisant surgir de terre, d´un coup de palette, des arbres géants, des ciels extravagants, toute une nature féerique? »

Fortin est retourné en France pendant un an entre 1934 et 1935, où il a voyagé de par le pays, dessinant et peignant. À son retour au Canada, il déménage à Sainte-Rose et commence à faire des expériences avec l´application de couleurs pures sur une surface noire, obtenant une couleur lumineuse, brillante. Plus tard, il a utilisé une approche semblable avec une surface grise. À compter de la fin des années 30, Fortin a effectué des voyages de peinture en Gaspésie où il a rencontré Alexandre Bercovitch. À peu près à cette époque, il a fait l´expérience de l´aquarelle soulignée de crayon noir ou du pastel, et durant les années 50 il a peint à la caséine.

À compter de 1955, la santé de Fortin s´est détériorée et il a vécu dans des conditions de vie de plus en plus misérables. Il a perdu l´usage de ses deux jambes à cause du diabète et a cessé de peindre pendant sept ans, puis il a recommencé à travailler, mais dans un fauteuil roulant. En 1967, il a emménagé dans un sanatorium à Macamic, en Abitibi, au Québec. À sa mort, à l´âge de 82 ans, il avait produit environ de huit à dix mille œuvres d´art, un grand nombre d´entre elles ayant été perdues au fil des ans, à la suite d´un incendie et à cause de marchands sans scrupules.

L´interprétation exubérante des arbres par Fortin est manifeste dans Paysage, Ahuntsic (v.1930). La gravure Charrette au village (v.1930) met en évidence la charrette de foin, qui est devenue sa marque. Paysage, Hochelaga (v.1931) fait partie d´une série de peintures réalisées depuis son appartement de Montréal. Elle illustre la composition complexe et les couleurs contrastées typiques de ses paysages urbains.

Fortin a participé à de nombreuses expositions internationales et a présenté des expositions en solo au Musée du Québec (1944), à Almelo, aux Pays-Bas (1948), au Musée des beaux-arts de Montréal (1954), et à la Galerie nationale du Canada (1963). Il a remporté le Prix Jessie Dow de l´Art Association of Montreal (1938), une médaille de bronze à l´Exposition universelle de New York (1939), et a été un collaborateur de l´Académie royale des arts du Canada.

Collection de Bibliothèque et Archives, Musée des beaux-arts du Canada

Contenu connexe