Miller Brittain

« Cela m´a amené à réfléchir aux problèmes du bien et du mal. J´ai étudié le conflit intérieur inhérent à monsieur Tout-le-monde et j´ai essayé d´intégrer dans mes œuvres des qualités abstraites comme l´amour, le désespoir, la terreur, et ainsi de suite, étant donné qu´elles constituent l´expérience inévitable de monsieur Tout-le-monde, et j´ai estimé qu´il fallait y faire face et s´en occuper plutôt que s´en éloigner ».
(Miller Brittain, 1949)

Miller Brittain a été un dessinateur exceptionnel, un peintre, un aquarelliste et un muraliste. Il a été l´un des rares artistes canadiens à créer une satire sociale dans les années 30; ses scènes de foules, représentant la vie de tous les jours, traduisent une sympathie envers l´humanité et une capacité d´exprimer le caractère par le geste.

Brittain a suivi des cours d´art avec Elizabeth Russell Holt à Saint John, au Nouveau-Brunswick, et il a étudié sous la direction de Harry Wickey à l´Art Students League de New York. Là-bas, il a été initié à l´œuvre de Rembrandt, de Goya et de Hogarth, ainsi qu´à celle de Kenneth Hayes Miller, des réalistes sociaux américains et de l´Ash Can School, dont les membres peignaient des scènes crues de la vie urbaine. En 1932, Brittain est retourné à Saint John et a occupé divers emplois de bureau et dans le domaine de la construction. Il n'a pas tardé à créer un atelier au bord de l´eau, qui est devenu un lieu de rencontre de la communauté artistique. Plus tard, il a loué un atelier voisin de celui de Jack Humphrey. Au cours des années 30, il est devenu un membre actif de l´Oxford Group, un groupe chrétien qui s´intéressait aux questions sociales et aux droits des travailleurs. Brittain a assisté à la conférence historique de Kingston en 1941.

Après avoir combattu au sein de la Force aérienne du Canada pendant la Deuxième Guerre mondiale, et après avoir travaillé pendant deux ans comme artiste officiel de guerre, Brittain est revenu à Saint John en 1946. Il y a présenté sa première exposition solo importante en 1949, au Musée du Nouveau-Brunswick, et sa première exposition solo à New York l´année suivante.

Au cours des années 30, Brittain est passé du portrait individuel à des représentations de grands groupes de gens ordinaires et de paysages urbains illustrant une approche humaniste. Master McCullough (1939) traduit son intérêt pour les portraits de la Renaissance italienne et l´œuvre de Hayes Miller. Débardeurs (1940) illustre une foule de figures massives qui remplissent le cadre, emprunt des compositions de la Renaissance allemande. Plus tard, Brittain s´est davantage intéressé à la psychologie; ses œuvres d´après-guerre comprennent une imagerie biblique et des sujets reliés à l´inconscient. Il a expérimenté l´abstraction et le surréalisme, créant des formes mystérieuses et colorées, fondées sur les humains, les animaux, les plantes et les corps célestes.

Brittain a été l´un des membres fondateurs de la Fédération des artistes canadiens et membre de la Société canadienne des artistes graphiques et de la Société d´art contemporain. Parmi les honneurs reçus, notons la Médaille du centenaire du Canada attribuée à titre posthume.

Collection de Bibliothèque et Archives, Musée des beaux-arts du Canada

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