Paul Kane

« À mon retour au Canada après avoir étudié presque quatre ans mon métier de peintre en Europe, j’ai décidé de consacrer mes quelques talents et compétences en ce domaine à la production d’une série de tableaux qui illustreront les Indiens et les paysages nord-américains.»

- Paul Kane, traduction de l’anglais, préface de Wanderings of an artist among the Indians of North America (1859).

Célèbre pour ses paysages de l’Ouest et ses images des peuples autochtones et de leurs modes de vie, Paul Kane a créé l’un des ensembles les plus complets de représentations picturales du Nord-Ouest au XIXe siècle. Voyageant de Fort William (Thunder Bay) à Fort Vancouver sur la côte pacifique alors que débute le déclin du commerce de la fourrure, Kane réalise plus de 700 croquis à la mine de plomb, à l’aquarelle et à l’huile sur papier, et remplit de descriptions son journal de bord. Tous ses dessins et notes lui serviront à peindre une centaine de grands tableaux à l’huile représentant des scènes de la vie autochtone en Amérique du Nord.

Kane, qui naît en 1810 à Mallow dans le comté de Cork en Irlande, émigre à l’âge de neuf ans à Toronto (alors appelée « York »). À la fin des années 1820, il travaille comme peintre de mobilier décoratif à Toronto et, plus tard, à Cobourg. Il étudie la peinture et gagne sa vie comme portraitiste ambulant. Pour approfondir sa connaissance de la couleur, il voyage à Rome, Naples, Florence, Venise et Londres pour copier les grands maîtres. À Londres, après quatre ans d’étude en Europe, le jeune Kane de 32 ans vit un tournant majeur dans sa carrière lorsqu’il fait la rencontre de l’artiste américain George Catlin (1796-1872).

Inspiré par Catlin qui a peint la culture de 48 groupes autochtones différents des Prairies américaines de 1830 à 1836, Kane veut lui aussi témoigner de la vie des Premiers peuples. Dans Intérieur d’une hutte d’hiver des Clallams, à l’île de Vancouver (v. 1851-1856), Kane représente en une même scène des activités qu’il a vues dans la grande hutte en écorce de cèdre que les nombreuses et puissantes nations de la région de Puget Sound construisent en hiver. Le gouvernement du Canada a fait l’acquisition de ce tableau (ainsi que de onze autres) en 1851. Ils ont tous (sauf un perdu dans un incendie) été transférés plus tard au Musée des beaux-arts du Canada.

Quand il entreprend son expédition artistique en 1845, Kane a comme but de peindre les Ojibways le plus fidèlement possible selon la tradition européenne. Il voyage et dessine durant trois ans. Comme Catlin, Kane veut réaliser ces tableaux car il est persuadé que l’expansion européenne vers l’ouest détruira la vie sauvage et les modes de vie autochtones. Plusieurs de ses expériences renforcent cette conviction dont une des dernières grandes chasses au bison auxquelles il assiste le long de la frontière entre le Manitoba et le Dakota. Néanmoins, ses tableaux d’atelier échappent rarement à une vision européanisée, malgré ses recherches visuelles pour garantir la fidélité du rendu des paysages et des portraits croqués sur place. Dans Assiniboines à la chasse au bison(v. 1851-1856), Kane compose un tableau à partir de son croquis sur le vif et met le sujet en valeur en s’inspirant de modèles italiens et français. Il dramatise même le moment au moyen d’un ciel orageux et d’un éclairage saisissant. Bien que les critiques aient qualifié Kane de « documentaliste » sur le terrain et de « peintre » dans son atelier, les conventions européennes qu’il respecte satisfont aux exigences des mécènes du XIXe siècle.

Sa rencontre avec sir George Simpson de la Compagnie de la Baie d’Hudson garantit le succès de sa longue expédition. En effet, Simpson lui assure pension et transport dans le territoire de la Compagnie (environ un quart de l’Amérique du Nord) et lui commande une douzaine de dessins de la vie autochtone pour son musée personnel de « curiosités indiennes ». Les croquis et le journal de Kane sont à la base de son grand classique, Wanderings of an artist among the Indians of North America, publié en 1859 et traduit en 1961 (Promenades D’un Artiste Parmi Les Indiens Du Nord) . En 1853, Kane alors âgé de 44 ans épouse son amie d’enfance, Harriet Clench de Cobourg, et fonde avec elle une famille de quatre enfants à Toronto. Si Kane ne voyage plus, plusieurs de ses tableaux suscitent l’éloge du public et de la critique lors de leur présentation à l’Exposition universelle de Paris en 1855. Kane meurt soudainement à l’âge de 61 ans. Il est enterré au cimetière St. James de Toronto.

Collection de Bibliothèque et Archives, Musée des beaux-arts du Canada