Prudence Heward
« Je crois que de toutes les formes d´art au Canada, c´est la peinture qui montre la plus grande vitalité et le sentiment canadien le plus affirmé... il y a davantage d´intérêt pour la peinture figurative qu´auparavant et j´espère que nous serons en mesure d´élaborer quelque chose d´intéressant, un art représentatif du sentiment canadien, et pourtant universel, à la fois moderne et hors du temps. »
(Prudence Heward, v.1942)
La peintre Prudence Heward faisait partie d´un petit groupe de femmes artistes, actives à Montréal dans l'entre-deux-guerres. Bien qu´elle ait réalisé des paysages et des natures mortes, on la connaît principalement pour ses représentations de la figure humaine. Ses portraits de femmes physiquement robustes mais complexes sur le plan psychologique, s´opposent aux représentations conventionnelles de la femme passive; les femmes qu´elle peint sont toujours campées dans un paysage, elles semblent indépendantes et troublantes, et même parfois provocantes.
Originaire d´une famille d´artistes, Heward suit son premier cours de dessin à l´âge de douze ans et commence très tôt à peindre à l´Art Association of Montreal. Après un séjour en Angleterre pendant la Première Guerre mondiale, elle retourne à l´Art Association de 1918 à 1920, où elle étudie auprès de William Brymner et de Randolph Hewton et où, encore étudiante, elle expose ses œuvres. Parmi ses camarades de classe, mentionnons notamment Edwin Holgate, Sarah Robertson, Anne Savage et Lilias Torrance. Pendant deux étés, Heward peint avec Maurice Cullen dans les régions rurales à l´extérieur de Montréal. En 1925, grâce à une bourse, elle se rend à Paris où elle étudie auprès de Charles Guérin et de Bernard Naudin à l´Académie Colarossi. Elle fait la connaissance d´une autre étudiante canadienne, Isabel McLaughlin, avec laquelle elle entame une amitié qu´elle entretiendra toute sa vie. Elles séjournent toutes deux de nouveau à Paris en 1929 et suivent des cours de dessin à l´Académie scandinave, avant de se rendre ensemble jusqu´à la ville méditerranéenne de Cagnes. Au cours des années suivantes, Heward a effectué de nombreux voyages axés sur la peinture en compagnie de McLaughlin et d´autres amis, notamment Sarah Robertson et A. Y. Jackson. Parmi ses destinations, mentionnons la maison d´été de la famille Heward sur les rives du Saint-Laurent, le nord de l´Ontario, les Laurentides et les Bermudes. Heward est décédée en 1947 à Los Angeles, alors qu´elle était à la recherche d´un traitement contre l´asthme, une maladie dont elle a souffert toute sa vie.
L´œuvre d´Heward montre une remarquable cohérence, autant dans la qualité que dans le style, et offre de subtiles variations. Conservant toujours une approche figurative, Heward utilise des couleurs vives et riches pour créer des formes simplifiées et fortement modelées. Femme sur une colline (1928), un portrait caractéristique de jeune femme qui semble forte physiquement mais vulnérable intérieurement, remporte le premier prix Willingdon en 1929, alors que son tableau intitulé Rollande (1929) obtient une reconnaissance internationale au cours d'expositions itinérantes. Les œuvres d´Heward réalisées immédiatement après le voyage qu´elle effectue en France en 1929 laissent transparaître l´influence de Cézanne, de Matisse et d´Henri Rousseau. Maison de ferme et automobile (v.1933) illustre les formes rythmiques présentes dans les paysages d´Heward, alors que Fruits sur l´herbe (1939) montre son approche de la nature morte, qu´elle aime intégrer au paysage.
Les œuvres d´Heward ont été sélectionnées pour de nombreuses expositions internationales, notamment pour la British Empire Exhibition, qui a lieu à Londres en 1925, et pour l?Exposition d´art canadien, tenue à Paris en 1927. En 1928, elle est invitée à exposer ses œuvres avec le Groupe des Sept et, de nouveau, en 1931; sa première exposition solo a lieu à 1932 à la Galerie Scott de Montréal. Un an après son décès, soit en 1948, la Galerie nationale du Canada organise une exposition commémorative. Heward fut associée au Groupe de Beaver Hall; elle est un membre fondateur du Groupe des Peintres canadiens et de la Société d´art contemporain, et fut également membre de la Fédération des artistes canadiens.
