Robert Davidson
« Si l’on examine l’histoire du peuple haïda depuis deux cent ans, on remarque une évolution nette de son art. Qui sait vers quoi il tend ? Sa limite est celle de l’artiste d’aujourd’hu. »
- Robert Davidson, guud san glans, 2004
Robert Davidson est un maître sculpteur, peintre, graveur et joaillier. Son nom haïda est guud san glans « Aigle de l’aurore ». Davidson crée des œuvres au moyen de ce vocabulaire visuel traditionnel. Au départ dit-il, ce sont les récits et la philosophie de son peuple « qui engendraient l’art », mais aujourd’hui l’art est, pour lui et ses contemporains, une incitation à l’étude et à l’approfondissement de la philosophie haïda. Davidson s’est donné comme but de faire reconnaître l’art haïda comme forme d’art classique et il croit que l’artiste est chargé de contester la perception du monde de l’art selon laquelle les œuvres créées au moyen du vocabulaire visuel traditionnel sont une « curiosité ». Sa pratique abstraite du vocabulaire visuel traditionnel des Haïdas, conjuguée à sa faculté de discuter avec clarté de sa démarche et de ses buts, a suscité ce que certains appellent « une renaissance de l’art et de la culture haïda ».
En 1947, sa famille et lui quittent l’Alaska pour Old Massett dans Haida Gwaii (les îles de la Reine Charlotte) où il grandit. Né dans une famille artistique, son arrière-grand-père était l’artiste haïda réputé du début du XXe siècle Charles Edenshaw, il commence à sculpter l’argilite (pierre de limon noir au grain fin) au début de son adolescence et étudie auprès de son père Claude Davidson et de son grand-père paternel, Robert Davidson aîné. Véritable tremplin de sa carrière, un apprentissage de dix-huit mois auprès de l’artiste Bill Reid lui permet de perfectionner son art et son savoir, car c’est à cette période qu’il fait la rencontre de l’artiste Bill Holm et de l’anthropologue Wilson Duff qui, l’un comme l’autre, partagent avec lui leurs connaissances du peuple haïda. En 1967, il entreprend une formation en dessin et en graphisme à la Vancouver School of Art (aujourd’hui l’Emily Carr Institute of Art and Design), où il suit également des cours de joaillerie.
Outre sa passion pour le vocabulaire visuel de la nation haïda, Davidson s’intéresse au langage de la performance. En 1980, avec son frère Reg Davidson, ils fondent tuul gundlaas xyaal xaada ( the Rainbow Creek Dancers), un groupe d’artistes haïdas qui présente des compositions nouvelles et ancestrales à une variété de publics. Son art visuel et ses performances sont tous deux des moyens d’approfondir la culture traditionnelle haïda et de stimuler sa croissance et son rayonnement contemporains.
Son œuvre Loup de mer à l’intérieur de son propre aileron dorsal est un excellent exemple de sa fusion du vocabulaire visuel haïda et de sa pratique de l’abstraction. Il a reçu des diplômes honorifiques de la Southern Methodist University de Dallas au Texas et de trois universités de la Colombie-Britannique, soit l’Emily Carr Institute of Art and Design, l’Université Simon Fraser et l’Université de Victoria. En 1995, il recevait le Prix national d’excellence pour l’art et la culture de la Fondation nationale des réalisations autochtones et l’Ordre de la Colombie-Britannique, et, l’année suivante, l’Ordre du Canada. En 1997, la Monnaie royale canadienne émettait une pièce d’or de 22 carats frappée d’une de ses œuvre.
