Robert Houle

"L’art peut remonter le moral des gens. La culture est un ingrédient essentiel à toute amélioration des conditions sociales et économiques. Pour cette raison, le statut spécial des peuples autochtones doit être reconnu et protégé, non seulement dans la constitution, mais également dans un contexte culturel."

- Robert Houle, 1990

Robert Houle est un artiste, conservateur et critique d’art contemporain qui a joué un rôle significatif dans la renaissance du patrimoine autochtone. Il dessine selon les conventions artistiques occidentales pour aborder les aspects toujours présents de la colonisation européenne des peuples des Premières Nations. Il mise sur l’objectivité du modernisme et la subjectivité du postmodernisme pour intégrer textes et documents photographiques dans son travail.

Durant ses années de formation, Houle se plonge dans les pratiques spirituelles autochtones et est influencé par le catholicisme. La double expérience de ces traditions est présente dans son travail où les symboles et les objets rituels autochtones sont combinés à des techniques de peinture et de sculpture occidentales. Houle étudie l’histoire de l’art à l’Université du Manitoba et est diplômé de l’Université McGill à Montréal en éducation par l’art. Il commence à exposer dans des expositions solos et collectives à compter du milieu des années 1970. Il est conservateur de l’art indien contemporain au Musée canadien des civilisations de 1977 à 1980. Durant ce poste, il refuse que l’art contemporain autochtone soit relégué à l’état d’artefact anthropologique ou ethnographique. Cette expérience l’incite à introduire dans son art des thèmes d’objets rituels autochtones tels que le parflèche, ou sac de médecine, et la lance et le bouclier du guerrier.

Là où Dieu vit (1989), une huile sur toile, évoque le site sacré d’un pèlerinage spirituel et est le sens exact du mot saulteaux " Manito-waban ", qui sert de nom à la province du Manitoba. Peu après ce tableau, Houle commence à travailler à Sept en acier (1989). Dans cette œuvre, sept plaques d’acier très polies, chacune commémorant une tribu amérindienne disparue, correspond au travail du Groupe des Sept. Houle incorpore de petites vignettes abstraites dans les plaques. Les sept panneaux sont marqués de bandes étroites de rouge, de jaune et de bleu, des couleurs signifiant la vie culture et spirituelle des Premières Nations. Sept en acier évoque les pertes causées par le traitement que les Européens ont réservé aux Premières Nations, et leur rapport à la terre et au territoire.

Houle abord l’identité historique des Premières Nations dans Kanata (1992), un tableau qui reprend La mort du général Wolfe (1770). L’œuvre montre un indien solitaire comme témoin passif de la bataille représentée dans la peinture historique. Houle trace la scène du tableau de West, lui retire toute couleur et change le centre d’intérêt sur l’homme accroupi en peignant son vêtement cérémonial. Le bleu et le rouge de son vêtement font écho aux panneaux monochromatiques de chacun des volets qui, physiquement et symboliquement, donnent à l’œuvre un nouveau cadre.

Robert Houle enseigne au Collège des beaux-arts de l’Ontario et a collaboré à des projets qui cherchent à sensibiliser le public à l’art contemporain des Premières Nations, comme Terre, esprit, pouvoir, une exposition du Musée des beaux-arts du Canada en 1992.

Photo : Greg Staats