Quand je pense à l’art, je pense à la beauté. La beauté est le mystère de la vie. Elle est non pas dans l’oeil, mais dans l’esprit. Dans nos esprits réside la conscience de la perfection.
Agnes Martin
Entre 1967 et 1973, Agnes Martin réalise un seul ensemble d’œuvres, une série de trente sérigraphies - ses seules et uniques estampes - intitulée Par temps clair.
Parce qu’il concilie des approches artistiques apparemment divergentes, l’oeuvre de Martin échappe aux catégories usuelles de l’histoire de l’art. Le recours à une grille a beau lui sembler procéder des compositions all over de l’expressionnisme abstrait, il nie aussi le geste de l’artiste, accentuant ainsi la facture mécanique de l’estampe. À y regarder de plus près, les similitudes formelles avec le minimalisme (auquel on associe habituellement Martin) - la composition austère et géométrique, l’apparente sérialité - passent au second plan, car ce qui saute aux yeux, ce sont les différences subtiles entre les images. Loin d’être contraignant, le sobre vocabulaire d’horizontales et de verticales évoque des permutations à l’infini. Les grilles à bords délimités contrastent avec celles qui demeurent ouvertes. De subtiles variations dans l’intensité des lignes ou la configuration de la grille suscitent une diversité étonnante de résultats et procurent, à qui veut s’y attarder, une expérience d’une exceptionnelle richesse.