Le questionnaire de Proust : John Greer

Le questionnaire de Proust est au départ un jeu populaire à la fin de l’époque victorienne, conçu pour révéler des aspects clés du caractère d’une personne. L’auteur Marcel Proust, encore adolescent, répond à une suite de questions semblables avec un tel enthousiasme que, lors de la découverte en 1924 de ses réponses originales, son nom devient associé de façon permanente à ce type d’entrevue informelle.

JOHN GREER

 

Photo © John Greer, 2015

Depuis 1967, le sculpteur canadien John Greer a présenté son travail dans de nombreuses expositions au Canada, aux États-Unis, en Europe et en Corée. Il a enseigné la sculpture pendant 26 ans au Nova Scotia College of Art and Design, à Halifax, en Nouvelle-Écosse, exerçant une profonde influence sur la sculpture contemporaine et la pratique de l’art plastique au Canada.

Sa dernière exposition individuelle en date, retroActive comprend des œuvres en deux et en trois dimensions réalisées sur une période de presque 50 ans, et une monographie éponyme qui sera publiée à l’été 2015. Parmi d’autres expositions récentes, notons APPRÉHENSION/APPREHENSION à la galerie Samuel Lallouz à Montréal, Reflecting on Culture, à Halifax, et Alluding to Illusion à Dallas, au Texas.

Greer a reçu de nombreux prix et bourses. En 2009, il a obtenu le prestigieux prix du Gouverneur général en arts visuels et en arts médiatiques pour souligner l’ensemble de ses réalisations et sa contribution importante à l’art visuel contemporain au Canada.

Greer a réalisé plusieurs commandes publiques, dont Gathering [Rassemblement] (2001), adjacente au Musée national de Corée, dans le parc Yongsan à Séoul, et Réflexion (2001), monument commémoratif de l’aide humanitaire, à Ottawa, au Canada. Son œuvre Origins [Origines] (1995) est installée de façon permanente dans la cour Ondaatje du Musée des beaux-arts de la Nouvelle-Écosse, et d’autres figurent dans de nombreuses collections nationales et internationales d’importance. En 2009, il a campé Humble Ending [Fin modeste] dans La Serpara, un jardin de sculptures au nord de Rome. En 2011, son œuvre The Sirens [Les sirènes] a été inaugurée dans un parc privé en Suisse, et l’imposante installation Cradle [Berceau] terminée au printemps 2012 pour la même collection particulière.

John Greer travaille au Canada et en Italie. La sculpture est son mode d’expression préféré et il invite le spectateur à devenir un objet humain pensant parmi des objets, être « parmi » le monde, une entité culturelle. 

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Mon premier souvenir de l’art :

Mon premier souvenir significatif de l’art, c’est probablement quand j’ai vu le film Mondo Cane, qui comporte une scène où Yves Klein réalise une de ses peintures au pinceau vivant. J’ai alors appris que l’art pouvait être réel et expansif.

Le moment où j’ai su ce que serait ma vocation :

Il y a des dizaines d’années, pendant mes études à Montréal. J’ai remarqué à l’extérieur d’un bistro une affiche annonçant un spectacle du chanteur préféré de Bob Dylan, Richie Havens. J’avais assez d’argent pour un café, et j’ai décidé d’entrer. À l’époque, je pensais travailler en graphisme publicitaire, parce que je croyais que personne ne comprendrait mon vrai désir de faire des beaux-arts.

Il y avait deux tabourets, chacun illuminé par un projecteur. J’ai pensé qu’il y aurait une autre personne avec lui, mais quand il est monté sur scène il n’avait qu’une guitare. Je cherchais l’autre personne. Il s’est assis sur un des tabourets, s’est mis les doigts dans la bouche et a sorti ses dents du haut, puis ses dents du bas, et les a déposées dans la lumière sur l’autre tabouret. Il a ensuite émis le plus beau des sons.

Je me suis dit : « avoir le courage de faire ça, c’est comme ça que je veux vivre! » C’est à ce moment-là que j’ai décidé de continuer en beaux-arts.

Ma plus grande influence :

L’art qui me nourrit.

L’occupation que j’aurais choisie (autre que les arts) :

S.O.

Mon loisir préféré (autre que les arts) :

La contemplation de la nature de l’existence.

Mon artiste préféré(e) :

Gerhart Richter, William Tucker.

Mon auteur(e) et musicien(ne)/compositeur(rice) préféré(e) :

L’écrivain Antonio Tabucchi et la musique grecque traditionnelle.

La couleur, la fleur et l’oiseau que je préfère :

Le bleu sarcelle, le lotus et le colibri à gorge rubis.

L’aliment et la boisson que je préfère :

Ce n’est pas une question simple, j’adore cuisiner.

L’odeur et le son que je préfère :

Le parfum printanier de l’épigée rampante, et l’espresso fraîchement moulu.

L’objet que je préfère :

La Victoire de Samothrace, sculpture grecque maintenant au Louvre.

L’environnement ou le paysage que je préfère :

Debout dans la baie de Fundy à marée basse, sachant que 6 h et 12 min plus tard elle sera recouverte de 3 360 000 millions de tonnes d’eau salée.

Le temps ou la saison que je préfère :

Quand le soleil perce à travers le brouillard en début de journée sur le bord de la mer.

L’expression, la formule, le proverbe ou le mot que je préfère :

Le mérite est mince, de celui qui redoute si fort son destin qu’il n’ose tenter l’épreuve de tout perdre ou de tout gagner. — Lewis Carroll

Ma bête noire :

Subir des personnes non inspirées.

Ma meilleure qualité :

La curiosité.

Mon pire défaut :

Une colère enfouie.

Ma définition du bonheur :

Travailler à des œuvres d’art que j’estime réussies.

L’endroit où je désirerais vivre :

La Toscane, en Italie.

Un rêve récurrent :

Je vole à force de volonté.

Un souhait :

Comprendre les restrictions du temps.

Ce que je veux faire avant de mourir :

Transcender le soi et comprendre le concept de temps dans toute sa complexité.

L’art pour moi, c’est :

La vie imite l’art. Toujours.

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Cliquez ici pour voir les œuvres d'art de Leslie Reid dans la collection permanente du Musée des beaux-arts du Canada.

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