Stephanie Comilang: La lauréate de Prix Sobey pour les arts 2019

Stephanie Comilang, Lumapit Sa Akin, Paraiso (Come to Me, Paradise), 2016. Vidéo à trois canaux HD couleur et son (25 min 44 s), carton; dimensions variables. Vue d’installation de l’exposition Prix Sobey pour les arts, Musée des beaux-arts de l’Alberta, Edmonton, 2019. © Stephanie Comilang, avec l’autorisation de l’artiste. Photo : Leroy Schultz

Stephanie Comilang est la lauréate du Prix Sobey pour les arts 2019. Cette distinction a été remise à la réalisatrice, représentant la région de l'Ontario, lors du gala qui s’est tenu ce soir à l’Art Gallery of Alberta. Suite à cet honneur, l'artiste explique: « Tout est dans la représentation. Pouvons-nous nous projeter dans un monde plus large ? Remporter le Prix Sobey pour les arts et représenter un groupe démographique qui me ressemble fait savoir aux autres les possibilités infinies que chacun porte en soi en tant qu’artiste.  »
 

Le processus de dispersion, la diaspora est au cœur des films de Stephanie Comilang, qui montre comment les migrants, et plus particulièrement les femmes, créent leur propre espace. Ses personnages existent dans un pli spatio-temporel deleuzien, une expérience comprimée constituée de plusieurs réalités engluées de résidus du colonialisme, un territoire conquis grâce à la technologie numérique. Les films de Comilang saisissent l’expérience de ces migrants qui ont quitté un pays soumis à plusieurs vagues de colonialisme et à plusieurs dictatures pour placer la sensation insaisissable et indescriptible d’être partout et nulle part à la fois dans un être mythique-drone-cyborg. La perspective de Comilang a-t-elle été peut-être influencée par sa jeunesse à Toronto, où son père imitait Elvis, et peut-être son regard sur la diaspora philippine a-t-il défini son propre espace dans la sphère privée et publique. Grâce à la caméra-drone, l’artiste peut avoir accès à divers lieux; elle peut faire des cadrages serrés, proches de ses sujets; elle peut obtenir des prises de vue impossibles à capter avec d’autres caméras. Elle prend en charge la surveillance et, plutôt que de critiquer directement la mécanique guerrière, elle se sert de la technologie pour montrer la manière dont les corps sont utilisés à diverses ns économiques, qu’elles soient domestiques, militaires ou révolutionnaires. Comilang devient elle-même arpenteuse-géomètre, s’appropriant finalement une position utopique de pouvoir et de propriété, à l’image de ces femmes migrantes qui créent leur propre espace, réel et numérique.

 

Sobey Art Award 2019 - Stephanie Comilang

 

Prix Sobey pour les arts 2019, administrée conjointement par le Musée des beaux-arts du Canada et la Fondation Sobey pour les arts, est présenté jusqu'au 5 janvier 2020 à l'Art Gallery of Alberta, qui accueille l'exposition cette année. Cet article est un extrait édité du catalogue de l'exposition.  Partagez cet article et n’oubliez pas de vous abonner à nos infolettres pour connaître les dernières informations et en savoir davantage sur l’art au Canada.​

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