Jeunes lauréates : des artistes émergents de la photographie contemporaine

Les thèmes de la perte, du désir et de la découverte de soi ne sont que quelques-uns des sujets abordés dans les œuvres des lauréates du premier Prix Nouvelle génération de photographes. Elisa Julia Gilmour, Meryl McMaster et Deanna Pizzitelli nous livrent leur vision du monde qui les entoure en s’appuyant sur des cadres culturels, sur des expériences personnelles et sur le changement global. Créé grâce à un partenariat entre  l’Institut canadien de la photographie du Musée des beaux-arts du Canada et le partenaire fondateur de l’ICP, Banque Scotia, ce prestigieux prix a pour but de soutenir la carrière photographique d’artistes âgés 30 ans et moins au Canada. Les créations de ces virtuoses de l’objectif sont à l’honneur dans  PhotoLab 4 : Exposition du Prix Nouvelle génération de photographes présentée au Musée des beaux-arts du Canada.

 

Elisa Julia Gilmour

Elisa Julia Gilmour, Over their Own [Au-delà des leurs] (detail),  2014, impression de projections d'un film 16mm. Avec l'autorisation de l'artiste. Produit avec le soutien de la ville de Toronto et du Conseil des Arts de Toronto, 2013. Photo © Elisa Julia Gilmour

« Over their own [Par-dessus leur propre présence] est une réaction à des portraits photographiques réalisés dans des studios au XIXe siècle de bébés tenus tranquilles par une personne cachée. En raison des longues durées d’exposition, faire le portrait d’un bébé exigeait la présence d’une mère ou d’une gardienne cachée sous un voile ou derrière une chaise afin de s’assurer que l’enfant était bien immobile. La pièce comprend deux parties : une série de portraits qui inversent le procédé photographique du XIXe siècle en recouvrant l’enfant d’un voile, et une grille de photographies produite par la projection de ces mêmes portraits. Si les films explorent le double rôle des femmes en tant qu’individus et mères, qui posent de façon statique devant l’appareil photo et attentives devant leur enfant agité, les photographies effacent la dimension temporelle, floutant l’enfant qui bouge et révélant la mère. »

Elisa Julia Gilmour. Photo credit: Mark Peckmezian


Installée à Toronto, Elisa Julia Gilmour travaille avec des images fixes et animées afin d’interroger les identités culturelles, familiales et sexuelles. Dans son installation vidéo et sonore Over their Own [Au-delà des leurs] (2014), elle étudie la complexité du rôle de mère à travers des portraits photographiques et cinématographiques de personnages réels, fictifs et historiques. En 2016, elle crée Éperdument (Madly) qui, avec son installation vidéo à trois canaux et son recueil de nouvelles, montre comment la figure mythologique du mazzere corse participe de la culture contemporaine. Gilmour travaille actuellement à un scénario sur les ruptures intergénérationnelles causées par l’émigration.

 

 

Meryl McMaster

Meryl McMaster, Edge of a Moment [Au bord d'un moment],  2017, épreuve à jet d'encre. Avec l'autorisation de l'artiste et Katzman Contemporary. Photo © Meryl McMaster

« Edge of a Moment [Au bord d’un moment] a été créé dans un site ancestral historiquement et culturellement important – le précipice à bisons Head-Smashed-In en Alberta. Comme pour un grand nombre de mes œuvres, j’ai abordé ce projet avec l’objectif de mieux comprendre des récits conflictuels. … Avec Edge of a Moment, je veux éveiller la conscience sur les vastes conséquences de la colonisation et l’impact encore présent aujourd’hui de la cupidité et du manque de vision. Je ne cherche cependant pas à résoudre ce dilemme, mais je veux plutôt créer une occasion d’introspection et de conversation. »

Meryl McMaster.
Photo credit: Neeko Paluzzi


Meryl McMaster est née et a grandi à Ottawa; elle est d’ascendance crie des plaines/européenne. Son approche personnelle de l’autoportrait photographique découle de ses expériences de travail et d’exploration dans des régions éloignées du Canada, ainsi que de la contemplation des complexités de son patrimoine familial. Elle intègre dans ses œuvres la spontanéité de la photographie, la production manuelle d’objets ou de vêtements sculpturaux, la performance et l’introspection. Ces techniques forment une mosaïque qui illustre un travail de découverte de soi puisqu’elle se penche sur la façon dont nous construisons notre personnalité à travers la lignée, l’histoire et la culture.

 

 

Deanna Pizzitelli

Deanna Pizzitelli,  Portait, Nicaragua,  2017, imprimé en 2017, tirage gélatino-argentique viré (édition 2/5). Avec l'autorisation de Stephen Bulger Gallery, Toronto. Photo © Deanna Pizzitelli

« J’ai commencé Koža  en Slovaquie et je l’ai continuée à travers l’Europe, le Canada et dans des régions de l’Amérique latine. Ses sujets (corps, animaux, lieux) sont des variations sur la même chose, un paysage émotionnel à la fois puissamment vague et profondément familier. Cette œuvre est la voix de quelqu’un qui ne comprend pas ce que signifie être vivant, mais qui réunit des histoires avec l’objectif de capter les sentiments révélés et souvent indéchiffrables qui accompagnent le fait d’être en vie. En slovaque, koža signifie peau. »

Deanna Pizzitelli. Photo credit: Deanna Pizzitelli


Deanna Pizzitelli est une artiste photographe et une auteure canadienne. Elle a obtenu son baccalauréat en beaux-arts à la Ryerson University et sa maîtrise à la University of Arizona. Intéressée par les paysages émotionnels, Pizzitelli se sert de procédés analogiques pour explorer les thèmes de la nostalgie, de la perte, de l’incertitude et du désir. Sa pratique repose sur l’acte du voyage, le résultat visuel de ses nombreuses rencontres avec le paysage, la nature sauvage et la culture. Son travail a été présenté récemment à l’AIPAD: The Photography Show, à New York, et dans le cadre de Paris Photo, en 2017. Elle a été artiste en résidence au Canada, en Islande et au Portugal. Elle est représentée par la Stephen Bulger Gallery de Toronto.

 

PhotoLab 4 : Exposition du Prix Nouvelle génération de photographes est à l’affiche à l’Institut canadien de la photographie du Musée des beaux-arts du Canada du 13 avril au 19 août 2018. Les lauréates participeront également à des programmes éducatifs ainsi qu’à une conférence d’artistes le samedi 5 mai 2018 à 13 h au Musée des beaux-arts du Canada. Pour partager cet article, veuillez cliquer sur la flèche en haut à droite de la page.

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