Paul-Émile Miot. Ses premières photographies de Terre-Neuve
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Paul-Émile Miot, Portrait de trois femmes Mi’kmaq (1859), épreuve à l’albumine, Bibliothèque et Archives Canada. Œuvre acquise par l’entremise d’une subvention du ministère du Patrimoine canadien sous le régime de la Loi sur l’exportation et l’importation de biens culturels (e004156473)
Plusieurs photos très anciennes illustrant la vie au Canada n’ont pas été prises par des photographes professionnels, mais par des hommes chargés d’enregistrer des données pour arpenter des terres, effectuer des relevés hydrologiques et réaliser des projets d’ingénierie. Le travail de Paul-Émile Miot en est un bon exemple.
Au printemps de 1857, le jeune officier de marine français Paul-Émile Miot entreprend son premier voyage au Canada à bord de l’Ardent, sous le commandement du capitaine Georges-Charles Cloué, hydrographe à la station navale de Terre-Neuve de 1849 à 1853.
Cloué savait que Miot était un officier de marine compétent, mais il était également impressionné par son talent de photographe, et il lui demanda donc de l’accompagner à Terre-Neuve afin que ses photos puissent servir aux relevés hydrographiques. Leur collaboration est aujourd’hui reconnue comme le premier exemple documenté d’utilisation de la photo pour des relevés de ce genre. De plus, d’autres photos de Miot — du territoire, des villes et de gens de la région — figureraient parmi les toutes premières images de Terre-Neuve, de l’île du Cap-Breton et des îles françaises de Saint-Pierre-et-Miquelon.
Enfant, Miot fut envoyé en pension en Irlande. Plus tard, il suivit les traces de son père et fit carrière dans la Marine française après une formation à l’École Navale de Paris de 1843 à 1849. En 1857, il reçut l’ordre de prendre le commandement de la Cérès dont l’équipage avait été décimé par la fièvre jaune en revenant des Antilles, un exploit qui lui valut la croix de chevalier de la Légion d’honneur et le grade de lieutenant de vaisseau. En 1881, il fut nommé contre-amiral.
Ses tâches dans la Marine englobaient différents domaines d’expertise dont l’arpentage et l’hydrographie, le dessin et, bien sûr, la photographie. Miot dut suivre des cours de dessin à l’école navale et ses photos reflètent manifestement une compréhension de la composition et de l’éclairage. Et bien que ses choix de sujets furent principalement guidés par des impératifs militaires et politiques, il n’en réussit pas moins à créer des images qui respectaient les conventions artistiques paysagères de son époque.
En novembre 1857, Miot est de retour à Paris. Certaines de ses photos sont publiées sous la forme de gravures sur bois dans Le Monde Illustré (10 avril 1858), Harper’s Weekly (1858) et Illustration (19 mars 1859). Miot repartit au moins à quatre autres reprises pour Terre-Neuve, voyageant là-bas une fois par an entre 1858 et 1862.
Outre des images de la côte de Terre-Neuve prises dans le cadre de ses travaux hydrographiques, Miot prit des photos liées à l’industrie de la morue ainsi que portraits — dont plusieurs études des peuples mi’kmaqs — et des vues de rivières et de forêts. Il voyagea aussi dans d’autres pays, notamment le Chili, le Pérou et l’île de Tahiti, où il réalisa de semblables études des paysages et des populations locales. Il termina sa carrière comme conservateur du musée de la Marine, à Paris.
Organisée et mise en circulation par Bibliothèque et Archives du Canada, en collaboration avec le MBAC, l’exposition Paul-Émile Miot. Ses premières photographies de Terre-Neuve est présentée du 4 octobre 2013 au 2 février 2014 dans la salle A102A du MBAC. La commissaire de cette présentation qui fait partie d’une série consacrée aux photos du XIXe siècle des collections de Bibliothèque et Archives Canada est Lori Pauli, conservatrice adjointe, collection de photographies, MBAC.