Prix Nouvelle génération de photographes 2022

Dans leurs œuvres, les artistes lauréats 2022 du Prix Nouvelle génération de photographes – Séamus Gallagher, Marisa Kriangwiwat Holmes et Clara Lacasse – explorent les nombreux défis propres aux représentations contemporaines de l’identité, de la culture et de l’environnement. Ils partagent un intérêt pour le caractère protéiforme de l’image photographique – sa capacité à révéler et à dissimuler tout à la fois comme à remplir des fonctions disparates, voire contradictoires. Leurs pièces jouent avec les frontières entre authenticité et artifice, entre désir et réalité, entre le naturel et le construit. Ces artistes célèbrent ainsi l’excès visuel tout en posant un regard critique sur ce que manifeste une telle abondance. Avec un grand raffinement visuel, une profonde réflexivité et une immense curiosité, les lauréats et lauréates du PNGP sondent des inquiétudes communes, toujours soucieux de leur propre contribution à une culture déjà saturée d’images.

Organisée par le Musée des beaux-arts du Canada, soutenu par le Programme de photographie​ Banque Scotia​, le Prix Nouvelle génération de photographes souligne chaque année le talent de jeunes artistes du Canada, de 35 ans et moins, qui travaillent derrière l’objectif. Exposé à Toronto durant le festival de photo CONTACT Banque Scotia en mai, une sélection d'œuvres des lauréats et  lauréates 2022 est à l'affiche au Musée des beaux-arts du Canada.

Séamus Gallagher, Un lieu incertain 4, 2019. Épreuve au jet d’encre. Collection de l’artiste. © Séamus Gallagher

Séamus Gallagher, qui vit à Halifax,  braque son objectif queer et non binaire sur les identités et les milieux de vie, fabriquant des réalités multiples qu’il superpose grâce à des techniques de collage tant virtuelles que matérielles. Mettant en cause les « normes » relatives à l'identité, avec leurs fonctions uniques et monolithiques, Gallagher emploie le collage pour illustrer la construction fragmentée de l’être, soulignant le caractère disjoint des pièces exposées et la ténuité des liens qui les rattachent. En donnant à voir une pléthore de photographies extrêmement colorées assemblées à la colle chaude et des boîtes de nuit numériques peuplées de corps de cyborgs qui s’ébattent, l’artiste avance que la normativité est la plus fragile des constructions. Ses œuvres récentes, qui s’attachent aux textures et aux surfaces souvent ignorées à travers lesquelles nous apparaissons à autrui, s’inspirent des personnes qui, comme l'artiste, ont transitionné durant la pandémie.

Marisa Kriangwiwat Holmes, Cheval noir, de la série Cheval noir, 2020. Épreuve au jet d’encre. Collection de l’artiste. © Marisa Kriangwiwat Holmes

Sensible à la saturation d’images qui caractérise nos réalités contemporaines, l'artiste vancouvéroise Marisa Kriangwiwat Holmes explore les langages visuels dont les grands consommateurs d’images d’aujourd’hui sont familiers. Elle stratifie certaines de ses réalisations par le biais de procédés appris en créant des affiches pour des groupes de musique. Récemment, elle compose des photographies d’objets conçues pour donner l’idée qu’ils sont usagés et à vendre. Ces images sont superposées à des plans modifiés de salles de concert et d’auditoriums de Hong Kong. Holmes rend ainsi compte de l’influence de l’esthétique du marketing sur l’imagerie commune – en particulier celle des médias sociaux – tout en interrogeant l’impact du volume et de la vitesse de la production des images sur la société.

Clara Lacasse, Estuaire, 2020. Épreuve au jet d’encre. Collection de l’artiste. © Clara Lacasse

L'artiste montréalaise Clara Lacasse explore la rénovation du Biodôme de Montréal ainsi que les enjeux écologiques, éthiques, historiques et sociaux qui la sous-tendent. Dans une approche à la fois documentaire et artistique, Lacasse compose scrupuleusement chacune de ses prises de vue en faisant ressortir les caractéristiques formelles de la création d’images. Son regard exigeant maintient la tension entre les nombreuses notions conflictuelles que matérialise le Biodôme – nature et culture entretenant ici une relation ambiguë. Ces images exposent l’artificialité des éléments de fabrication de l’Éden : ciment, poutres de métal, fibre de verre. Considéré sous son meilleur jour, le Biodôme est une manifestation du désir humain de valoriser, de comprendre et d’entretenir le monde naturel. Mais, d’un autre côté, les images de Lacasse soulèvent aussi des enjeux troublants au regard de la situation écologique actuelle.

Une sélection d'œuvres des artistes lauréats du Prix Nouvelle génération de photographes, organisée par le Musée des beaux-arts du Canada, soutenu par le Programme de photographie​ Banque Scotia​, est à l'affiche au Musée des beaux-arts du Canada jusqu' au 19 décembre 2022. Partagez cet article et abonnez-vous à nos infolettres pour demeurer au courant des derniers articles, expositions, nouvelles et événements du Musée, et en apprendre plus sur l’art au Canada.