The Mysterious Death of Tom Thomson [La mort mystérieuse de Tom Thomson]
George A. Walker, The Mysterious Death of Tom Thomson, Erin, Ontario, The Porcupine's Quill, 2012.
Mystère, images obsédantes, émotions fortes, hommage d’un artiste canadien à un autre, ce livre se révèle d’un grand intérêt. Ce que vous n’y trouverez pas, toutefois, c’est beaucoup de texte. L’artiste George Walker, à qui on le doit, le définit comme un « récit sans mots », et il fait appel uniquement aux images pour raconter l’histoire de la mort prématurée de Tom Thomson en 1917.
Cet épisode a été traité à de nombreuses reprises et en plusieurs versions, tant sur papier qu’à l’écran, mais jamais comme ici. L’ouvrage n’est pas réellement un « polar » parce qu’il n’y a pas de texte, et par conséquent pas de noms. Mais clairement, si l’on en croit cette interprétation, Tom n’a pas simplement trébuché sur une ligne de pêche. Le manque de détails se révèle un avantage : s’il y a probablement une dimension criminelle dans la mort de Thomson, avancer des noms est une entreprise délicate, et le récit sans mots de Walker évite élégamment cette nécessité.
En lieu et place du texte, on trouve 109 estampes, tirées à partir de planches d’érable du Canada. Le résultat est granuleux, organique, brut même, reflet sans doute du style de vie de Tom Thomson dans la forêt. La variété est également au rendez-vous. Certaines images sont inspirées des tableaux du peintre, comme le célèbre Le pin du Musée des beaux-arts du Canada et Le vent d’ouest du Musée des beaux-arts de l’Ontario. D’autres sont adaptées de photographies d’époque de Thomson et des personnalités et bâtiments du parc Algonquin.
J’ai aussi beaucoup aimé les images du Toronto du début du siècle dans la première partie. On remarquera également la magnifique impression d’Aurore boréale en page 81, une véritable réussite avec la technique aux contours nets et en noir et blanc de la gravure sur bois! On trouve des scènes puissantes de rage et de conflit, à la manière des estampes des expressionnistes allemands du début du XXe siècle, une influence que reconnaît George Walker dans son fascinant épilogue. Comme il le souligne, Tom Thomson « a très peu écrit, mais peint et dessiné des centaines d’images », et se prête donc bien à « voir son histoire racontée de nouveau dans la langue qu’il comprenait le mieux : celle des images ».
Le livre est paru en deux éditions. Une édition populaire à prix raisonnable est publiée par The Porcupine’s Quill , un petit éditeur du sud de l’Ontario. Et il y a une édition limitée tirée à la main à seulement 39 exemplaires (oui, 39, l’âge de Tom Thomson lors de son décès). Celle-ci a valu à Walker une mention honorable lors des Prix de la Société Alcuin pour l’excellence de la conception graphique du livre au Canada . Les œuvres distinguées par la Société Alcuin seront présentées dans l’aire d’exposition du foyer de la Bibliothèque des 2 au 4 et 9 au 11 janvier 2013. À ne pas manquer !