
Tim Pitsiulak, Baleine blindée, 2014. Crayon de couleur et encre noire sur papier vélin, 119 x 246 cm Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa. © Dorset Fine Arts Photo : MBAC
Les effets de l’art : la paix, le réconfort et la guérison
« Je ne puis concevoir l’absence d’art. C’est très important pour moi », déclare Diana Kirkwood. Amatrice passionnée, Kirkwood fréquente avec bonheur les théâtres, l’opéra, les salles de concert et les musées. « Je regarde et, tout de suite, une émotion vive s’empare de moi. Cela peut aussi ressembler à une stimulation intellectuelle, mais, principalement, c’est visuel. La couleur importe, pour moi. »
Un rapport de l’Organisation mondiale de la santé a confirmé en 2019 le rôle de l’art dans le maintien de la santé mentale et physique. Par la revue de quelque trois milles études sur l’amélioration de la santé et du bien-être par l’art – qu’il s’agisse d’accidents vasculaires cérébraux, de problèmes cardiaques, de cancer, de démence, de solitude ou de deuil – le rapport met en exergue l’importance des arts pour « prévenir une mauvaise santé, en conserver une bonne, et gérer et traiter la maladie tout au long de l’existence ».

Tom Thomson, Débâcle, 1916. Huile sur toile, 72 x 102.3 cm. Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa. Photo: MBAC
Établie à Ottawa, Kirkwood se rendait régulièrement au Musée des beaux-arts du Canada, mais la pandémie et son âge l’ont amenée à réduire de beaucoup sa fréquentation. Le Musée est cependant ouvert et on y a mis en place des mesures de distanciation physique et d’hygiène. Et pour ceux qui hésitent toujours à s’aventurer dans les espaces publics, le Musée a bonifié ses outils de diffusion : le site MBAC virtuel, la Pause-café MBAC, les Visites éclair sur Instagram ou YouTube, des programmes comme Rayon d’art à la maison! ou encore de télé-enseignement.
Andréa Gumpert, éducatrice au MBAC, est à l’origine de Rayon d’art, un programme lancé pour permettre aux personnes atteintes de démence et à leurs accompagnateurs de vivre l’expérience du Musée. La pandémie a rendu tout aussi populaire la version en ligne du programme. « Beaucoup de participants rient, signale-t-elle. Quand nous consacrons du temps à une œuvre, nous nous questionnons, nous remarquons des détails. Je crois que regarder une œuvre d’art nous procure du plaisir. On peut y retrouver la sérénité, prendre conscience des autres et réintégrer le moment présent. Il faut rendre disponible cet outil qui aide à gérer le stress. »

Andy Warhol, Boîtes de savon Brillo, 1964. Boîtes de contre-plaqué avec sérigraphie et acrylique, boîte: 43.2 x 43.2 x 35.6 cm chacune. Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa. © The Andy Warhol Foundation for the Visual Arts, inc. / SOCAN (2022) Photo : MBAC
C’est que la fréquentation de l’art exerce nos perceptions, les affine, les rend plus présentes, déclare Laura Marks, professeure d’arts médiatiques et de philosophie à la Simon Fraser University. « Les fonctions cognitives et visuelles du cerveau s’activent quand on observe une œuvre. L’art nous enseigne à remarquer ce qui se trouve devant nous. Cela nous rend plus conscients de la réalité, de sorte que lorsque des pensées émergent, elles sont plus ancrées. »
Gary Goodacre est chef du département Éducation et programmes publics. Pour lui, la fréquentation de l’art crée également des interactions sociales, puisque l’observateur vit un dialogue avec l’artiste au travers du sujet de l’œuvre ou avec les personnes qui l’accompagnent lors de la visite : « Au moment où une œuvre retient votre attention, ou au moment où vous observez avec quelqu’un, des perspectives nouvelles surgissent et, tout à coup, vous n’êtes plus seul, note-t-il. En personne au Musée ou devant un écran, beaucoup de gens aspirent à recharger leurs batteries, à quitter leur quotidien dans un endroit calme où se dissipera leur stress, où ils se retrouveront. » Laura Marks ajoute que l’art « permet de se renforcer, en toute sécurité ». Elle poursuit : « Souvent, même une expérience artistique difficile ou dérangeante vous fait vous sentir mieux. »

Guido Molinari, Sans titre, 1955. Huile sur toile, 59.6 x 50.4 cm. Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa. © Succession Guido Molinari / SOCAN (2020) Photo: MBAC
La solitude et l’isolement sont deux des enjeux clés du projet-pilote d’un an et demi qui s’est terminé en mars 2020, à l’initiative de l’Alliance pour des communautés en santé. Financé par le ministère ontarien de la Santé, le projet visait à mesurer les bénéfices des « prescriptions sociales » dans onze centres de santé communautaires. Il s’agissait de permettre à des soignants de première ligne de prescrire des activités plutôt que des médicaments, ce qui incluait des visites dans des galeries, des musées, la pratique de l’art ou la présence à des concerts. Plus de 80 % de la santé des gens se détermine en dehors du cadre clinique, fait remarquer Kate Mulligan, directrice des politiques et des communications de l’Alliance et professeure adjointe en santé communautaire de la University of Toronto. Selon elle, la recherche indique que l’art procure des bénéfices significatifs pour la santé physique et mentale.

Drier, Enfants à l'atelier, v. 1851–70. Épreuve à l'albumine argentique avec application de couleur, 7.5 x 13.4 cm. Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa. Photo : MBAC
À titre d’exemple, Kate Mulligan mentionne que les aînés qui prennent part à un événement communautaire – fréquenter de temps à autre les théâtres, les musées et les galeries, entre autres – présentent une chance sur cinq de moins voir apparaître un handicap physique, et voient leurs douleurs chroniques se réduire du quart. Les gens qui assistent à un événement culturel au moins une fois par mois ont aussi 48 % moins de risques de développer une dépression, et les nouvelles mamans qui participent à une chorale, par exemple, peuvent atténuer de 40 % les symptômes d’une dépression post-partum. Et la recherche indiquerait que l’art aurait encore bien d’autres avantages en ce qui concerne la santé mentale et physique.
Gary Goodacre rappelle que l’art peut aussi être une occasion de communiquer, d’échanger et d’apprendre. Peu importe la situation pendant laquelle le MBAC développera ses programmes, il espère que des gens apprendront quelque chose de nouveau, ou regarderont une chose différemment : « Pour moi, c’est là qu’entre en jeu le sentiment d’être en lien avec quelque chose. »
Consultez le site Web du Musée pour en apprendre plus sur le MBAC virtuel, sur les programmes événementiels et éducatifs, sur Pause-café MBAC, sur La grande visite du samedi et sur RAYON D’ART à la maison, ou cliquez ci-dessous pour rejoindre directement le Musée sur les médias sociaux. Partagez cet article et abonnez-vous à nos infolettres pour demeurer au courant des derniers articles, expositions, nouvelles et événements du Musée, et en apprendre plus sur l’art au Canada.