Amour et paysage : les estampes de Paul Sandby

Paul Sandby, Amants paysans, v. 1755. Eau-forte sur papier vergé, 46.2 x 31.2 cm; plate: 8.3 x 6.2 cm; et Paul Sandby, Amants élégants, v. 1755. Eau-forte sur papier vergé, 46.2 x 31.2 cm; plate: 8.2 x 6.2 cm. Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa. Photo: MBAC

Assez souvent reconnu comme « le père de l’aquarelle anglaise », le Britannique Paul Sandby (1731–1809) est également une figure clé dans l’art de l’estampe, un des graveurs les plus novateurs et accomplis de son époque. Des plus de 100 œuvres de l’artiste comprises dans la collection du Musée des beaux-arts du Canada, deux eaux-fortes en particulier illustrent son talent : Amants paysans et Amants élégants, tous deux datés d’environ 1755. Ensemble, ces pièces soulignent les nombreuses facettes de l’art de Sandby, dont une fascination pour le paysage équilibré par des études de personnages et une production impressionnante dans le champ de la gravure du XVIIIe siècle en Angleterre.

Né à Nottingham vers 1731, Sandby voyage beaucoup à travers la Grande-Bretagne, se taillant une carrière comme artiste novateur et visionnaire. Avant son installation à Londres en 1751, il passera cinq ans en Écosse à produire des cartes des lieux et à dessiner le paysage en changement perpétuel, marqué par les rébellions. S’affirmant parmi la communauté artistique de Londres, Sandby est connu comme peintre de paysage et expert de l’aquarelle, et il sera nommé en 1768 membre fondateur de la Royal Academy of Arts par le roi Georges III. À propos de sa réputation de pionnier de l’aquarelle en Angleterre, l’auteur Johnson Ball dit : « Des trente-six membres fondateurs de la Royal Academy choisis en 1768, Paul Sandby semble avoir été le seul élu principalement pour ses capacités dans l’art de l’aquarelle. » Riche de cette renommée incontestable, Sandby produit également d’innombrables estampes au cours de sa carrière. Dessinateur prolifique, il deviendra un maître de la gravure, de l’eau-forte et de l’aquatinte. Dans son catalogue raisonné de 2015 sur les estampes de l’artiste, Ann V. Gunn écrit : « L’habileté de Sandby comme graveur se développe parallèlement à ses progrès en tant que peintre; tout au long de sa vie, il y aura des recoupements dans son travail entre les différents sujets et techniques. »

Paul Sandby, Amants paysans, v. 1755. Eau-forte sur papier vergé, 46.2 x 31.2 cm; plate: 8.3 x 6.2 cm. Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa. Photo: MBAC

Dans Amants paysans, le soin dans l’exécution et l’intérêt de l’artiste pour des thèmes répétés sont évidents. Une laitière marche dans un sentier boisé bordé par une rivière, une palanche sur les épaules. Son amant la regarde et elle fixe le spectateur directement. Derrière eux, une vache s’enfonce dans la forêt et un chien boit à même les seaux renversés aux pieds de la femme. Les vêtements des personnages, contemporains de l’époque, sont très détaillés, allant des couches diverses jusqu’aux boutons et aux plis. Dans l’ensemble, l’estampe témoigne de l’expertise de Sandby dans la représentation de paysages et de son attention marquée aux personnages, à la nature et au motif pictural des arbres. Comme on peut le lire dans le catalogue Paul Sandby : Picturing Britain de John Bonehill, Stephen Daniels et Nicholas Alfrey, « L’art “typiquement anglais” de Sandby est particulièrement attentif à la réalisation et à la signification du paysage, et porte sur l’interaction entre personnages et environnement »

Pendant probable de cette œuvre, Amants élégants adopte une approche similaire. La composition est plus simple, mais également bien exécutée, illustrant un couple vêtu avec recherche qui se repose près d’un étang; on voit aussi une clôture en bois, un bâtiment et une forêt à l’arrière-plan. Ici encore l’homme regarde son amante, caressant son épaule pendant que celle-ci s’appuie sur lui. Semblable à Amants paysans, cette eau-forte fait la preuve de l’adresse de Sandby dans l’exécution gracieuse et soignée de la frondaison, de l’herbe texturée aux plantes en fleur en passant par les touffes de feuilles dans les arbres.

Achetées par le Musée en 1989, Amants paysans et Amants élégants ont peut-être paru dans le livre original d’estampes de Sandby publié par Ryland & Bryer en 1765. Fait intéressant, il n’existe pas deux exemplaires identiques de cette publication souvent reproduite : certains renferment des œuvres différentes, alors que d’autres montrent des déclinaisons des mêmes eaux-fortes en tailles et en encrage variés. Ces deux œuvres ont porté d’autres titres, notamment Une laitière et son amant et Amants assis près d’un lac ou d’une rivière. Le jeu d’eaux-fortes du Musée comprend 69 œuvres, qui représentent le paysage écossais et des scènes de genre.

Paul Sandby, Amants élégants, v. 1755. Eau-forte sur papier vergé, 46.2 x 31.2 cm; plate: 8.2 x 6.2 cm. Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa. Photo: MBAC

Parmi la sélection d’estampes de cet album, Amants paysans et Amants élégants sont les seules qui illustrent des couples amoureux dans des compositions serrées. Sur la base de leur contenu pastoral raffiné, elles sont probablement inspirées par des scènes de genre populaires en art néerlandais et français. Elles peuvent même annoncer les représentations plus satiriques de personnalités des rues de Londres apparaissant dans une autre série de Sandby, Twelve London Cries done from the Life, de 1760. Qu’importent la motivation et l’inspiration de l’artiste, Amants paysans et Amants élégants demeurent emblématiques et importantes dans l’étude et l’évaluation du magnifique corpus d’œuvres de Sandby.

 

Consultez les œuvres de Paul Sandby dans la collection du Musée des beaux-arts du Canada sur « Recherche dans la collection ». Partagez cet article et abonnez-vous à nos infolettres pour demeurer au courant des derniers articles, expositions, nouvelles et événements du Musée, et en apprendre plus sur l’art au Canada.​

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