Àbadakone | Feu continuel | Continuous Fire
Ce survol de l’art contemporain indigène, qui connut un succès retentissant dès son ouverture en novembre 2019, a mis en vedette le travail de plus de 70 artistes qui revendiquent leur appartenance à quelque 40 nations, ethnies et tribus de 16 pays, dont le Canada.
Alors que nous continuons tous de traverser cette période actuelle de pandémie, le Musée ajoute encore plus de contenus passionnants liés à Àbadakone. C'est ainsi que vous pourrez découvrir images et textes tirés de l'exposition, capsules vidéo, entrevues avec des artistes et articles de Magazine MBAC sur le sujet. Et pour celles et ceux qui souhaitent explorer plus avant des œuvres en particulier, des stations d’audioguide commentées par une éducatrice du Musée sont maintenant à leur disposition.
L’exposition a été organisée par les conservateurs du Musée des beaux-arts du Canada Greg A. Hill, Christine Lalonde et Rachelle Dickenson, avec les conseils des commissaires Candice Hopkins, Ariel Smith et Carla Taunton, ainsi que par une équipe de spécialistes du monde entier.
Galerie virtuelle
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Vivez les moments forts d’Àbadakone sur ce musée virtuel et grâce à la visite audio autoguidée commentée par une éducatrice du Musée.
Eji Ekidòmagak “Àbadakone”
Ked eji ganawenindàgwak màmawe nitam wàbandahidiwin “Sakahan” Mikinàk-minitigong o-wàbandahidìwigamigong kà oshki wàbandahigàdeg 2013, eji ekidòmagak “Sakahan”, Kejeyàdizidjig kì mino mandjiwowag “Àbadakone” kidji wewenind ijinikàdeg iyo nìjin wàbandahidiwin wàbanda- hiwewàdj Anishinàbeg o-mazhinabìhige kaye wìyagi-kwenàdjichiganan.
Kà-ànikenamawindjig Cobàd (Stella Chabot), Kìshkànakwad (Earl McGregor) ashidj Pien Kìwekwad (Gà-ganawàbandang Ishkode), Kitigàn Zìbìng wendjibàdjig wìndimàgeg iye “Ishkode” kichi kije manidowan ondje Anishinàbeg, ashidj àbidad apìch mino-chìsakenàniwang. Mì dash eta, wàbandaman Wìyagi-kwenàdjichigan ashidj Anishinàbeg gà mazinabìhige kaye wìyagi-kwenàdjichigewàdj tedibà-Akìng, Keyeyàdizidjig mandjiwowag kàn chìsakewizinon, mì eta ondje pepejig Anishinàbe “o-Pìndàgina-Ishkodemiwàn”.
Kìshkànakwad kì ijinam ondje “Àbadakone” wàbandahidiwin. Ogì wàbandahiwen wàbandahidìwigamigong. Eji ànikanòtamàgedj Anishinàbe mazinabìhige kaye wìyagi-kwenàdjichigedjig tedibà-Akìng màmawe o-wìyagi-kwenàdjichigewaniwàn wendji “Àbadakoneg” wenzikàg o-mindonenindjiganiwàng, odeyiniwàng ashidj wendjibàwàdj.
– Kitigàn Zibi Pimàdjiwowigamig
The Meaning Behind Àbadakone | Continuous Fire
In keeping with the National Gallery of Canada’s first exhibition Sakahàn – presented in 2013 – which means “lighting a fire,” the elders from Kitigan Zibi Anishinabeg community felt that Àbadakone – “the fire continues to burn” – is an appropriate title for the second exhibition showcasing Indigenous Art from around the world.
Language Committee members Cobàd (Stella Chabot), Kìshkànakwad (Earl McGregor) and Pien Kìwekwad, also a Sacred Fire Keeper, from Kitigan Zibi Anishinabeg explain that fire is sacred and spiritual to the Anishinàbe people, and is used in ceremonies. However, looking at the art and the Indigenous artists from all around world, the elders feel that Àbadakone is not in ceremony but in each individual’s Internal Flame.
Kìshkànakwad had a vision for the Àbadakone exhibition. He presented his idea to the Gallery. His interpretation is: Indigenous Artists from around the world with their artwork for which “the fire continues to burn” from their minds, hearts and communities.
– Kitigan Zibi Anishinabeg Cultural Centre
Pierre Aupilardjuk
Inuit. Né en 1961, Naujaat (Repulse Bay) [Territoires du Nord-Ouest], Canada
Vit et travaille à Kangiqliniq (Rankin Inlet) [Nunavut], Canada
Donner sans recevoir, 2016
porcelaine et grès cuit en réduction. Collection particulière © Pierre Aupilardjuk Photo : MBAC
Aupilardjuk intègre son savoir inuit et son histoire familiale dans ses céramiques. Celle-ci s’inspire d’un événement vécu par sa famille : après qu’un prêtre leur a pris leur qulliq (lampe à l’huile de phoque utilisée pour le chauffage et la cuisson) sans rien leur donner en retour, ses parents sont presque morts de faim. Les bras tendus où repose la lampe en question contrastent étrangement avec la main géante qui émerge du personnage comme pour se saisir de quelque chose. Source de tensions, les rapports coloniaux opposent les différentes visions du monde ici suggérées.
Siwa Mgoboza
Hlubi. Né en 1993, Cape Town, Afrique du Sud
Vit et travaille à Johannesbourg, Afrique du Sud
L’ultrarayon, 2017
tissu isiShweshwe (coton Three Cats), perles de verre, tulle et fil de coton. Musée des beaux-arts du Canada. Acheté en 2020 © Siwa Mgoboza, avec l’autorisation de la Matter Gallery Photo : MBAC
L’ultrarayon fait partie du monde fictif et utopique de l’« Africadia » de Mgoboza. Ces tissus richement décorés de motifs venus de l’Inde par les routes commerciales hollandaises ont été introduits en Afrique par les colons allemands. Ils servaient traditionnellement de parure aux femmes. « Africadia » subvertit ainsi la notion de binarité et invite à une lecture fluide de la race, du genre, de la classe et de la nation.
Will Wilson
Diné (Navajo). Né en 1969, San Francisco (Californie), États-Unis
Vit et travaille à Santa Fe (Nouveau-Mexique), États-Unis
Soldat impérial K’ómoks (Andy Everson), citoyen de la Première Nation K’ómoks, 2017
de la série Photographie autochtone collaborative et critique : dᶻidᶻəlalič [Seattle], 2012–2018, épreuve au jet d’encre à partir d’une plaque au collodion humide numérisée (éd. 1/3). Collection de l’artiste © Will Wilson Photo : MBAC
Comme dans beaucoup d’œuvres de sa série CIPX (Critical Indigenous Photographic Exchange), Wilson emploie des procédés et de l’équipement photographiques laborieux datant de la fin du XIXe et du début du XXe siècle pour créer des images qu’il convertit ensuite en fichiers et épreuves numériques. Ici, le sujet, Andy Everson, est représenté en costume traditionnel kwakwaka’wakw. En le considérant de plus près, on remarque qu’il porte un casque de soldat impérial de La Guerre des étoiles, soigneusement couvert de motifs kwakwaka’wakw.
Barry Ace
Anishinabé. Né en 1958, M'Chigeeng (Ontario), Canada
Vit et travaille à Ottawa (Ontario), Canada
Nigik Makizinan – mocassins en loutre, 2014
chaussures, fourrure de loutre, velours, composants électroniques, poils de porc-épic synthétiques, peau de chevreuil, feutre synthétique, perles en cuivre et clochettes en laiton. Musée des beaux-arts du Canada. Acheté en 2017 © Barry Ace Photo : MBAC
Les Premières Nations des Plaines du Sud ont coutume de disposer des « effaceurs de traces » sur leurs mocassins pour faire disparaitre, un pas après l’autre, les empreintes de celui qui les porte. Ici richement décorés par Ace, ces dispositifs évoquent les préoccupations contemporaines sur nos « empreintes numériques ». Dans cette œuvre, les perles et les composants électroniques des motifs floraux anishinabes s’allient à des matériaux naturels et synthétiques. Ace conjugue ainsi les pratiques culturelles traditionnelles acquises dans son enfance et les références à la plus récente technologie numérique.
Evgeniy Salinder
Nenets. Né en 1981, Salekhard, Sibérie
Vit et travaille à Salekhard, Sibérie
Nageur (Auto-portrait), 2017
bois d’élan et teinture. Evgeniy Salinder et indiGem Inc. © Evgeniy Salinder Photo : MBAC
Les figurines de Salinder représentent une page lointaine, mais essentielle de l’histoire. Elles incarnent le peuple sikhirtya qui occupait jadis le territoire ou vivent aujourd’hui les Nenets, dans le nord de la Sibérie. Le cuir et l’os servant leur parure évoquent à la fois l’inclination légendaire des Sikhirtya pour l’artisanat et les outils relatifs à leurs pratiques culturelles, tel le lasso qu’ils utilisaient dans l’élevage des rennes. Les cercles et les petits trous qui émaillent ces figurines créent un agencement harmonieux.
Lisa Hageman Yahgujanaas
Haïda. Née en 1972 à Vancouver (Colombie-Britannique), Canada
Vit et travaille à Haida Gwaii (Colombie-Britannique), Canada
Il pleut de l’or, 2012–17
laine de mouton et feuille d’or. Affaires mondiales Canada – Collection d’arts visuels © Lisa Hageman Yahgujanaas Photo : MBAC
Dans ce tissage imposant, l’artiste brode ses motifs contemporains de manière a ce qu’ils s’intègrent harmonieusement aux modèles de robes ancestrales. C’est a la fois une méditation sur la force de l’esprit de communauté dans la culture haida et un rappel de l’importance du travail collectif dans un contexte mondial. Les motifs, à la fois impressionnants et complexes, rendent hommage a l’eau de Haida Gwaii. Ils rappellent les pluies nourricières, les rivières, les ruisseaux et les océans qui, selon l’artiste, « nous relient tous ».
Manuel Chavajay
Maya-Tz'utujil. Né en 1982, San Pedro La Laguna, Guatemala
Vit et travaille à San Pedro La Laguna, Guatemala
Rujawaal ya' , 2016
cyprès sculptés à la main, coton, peinture acrylique. Galeria EXTRA, ville de Guatemala, Guatemala
Dans nombre de ses œuvres, Chavajay aborde divers aspects de son quotidien à San Pedro La Laguna et traite des conditions de vie de sa communauté tz'utujil à l’époque contemporaine. Ici, la rame, camouflée par les motifs ornant traditionnellement les tissus tz'utujil, disparait presque devant la matière textile. Le rapport entre les deux objets brouille les genres de la cosmologie maya et rend hommage au savoir-faire des ainés, hommes et femmes.
Zanele Muholi
Zouloue. Née en 1972, Umlazi, Kwazulu, Afrique du Sud
Vit et travaille à Johannesbourg, Afrique du Sud
MaID I, Syracuse NY, 2015, de la série Somnyama Ngonyama,
de la série Somnyama Ngonyama, épreuves à la gélatine argentique. © Zanele Muholi, avec l’autorisation de l’artiste, Yancey Richardson, New York, et Stevenson Cape Town / Johannesburg Photo: MBAC
Le « militantisme visuel » de Muholi explore les poncifs de la représentation à travers l’esthétique photographique afin de créer un espace de reconnaissance queer pour les Sud-Africaines noires. Le titre de cette œuvre se rapporte au concept MaID (« Mon Identité ») ou, si on lit différemment, à l’épithète péjorative maid [servante] coiffant les femmes noires qui occupent des positions subalternes en Afrique du Sud. Comme beaucoup d’œuvres de Muholi, cet autoportrait perspicace et provocant conteste les images réductrices perpétuées à l’égard de la communauté noire.
Leonce Raphael Agbodjélou
Goun. Né en 1965, Porto-Novo, Benin
Vit et travaille à Porto-Novo, Benin
Sans titre, 2013
de la série Musclemen , épreuve à développement chromogène. Musée des beaux-arts du Canada. Acheté en 2017 © Leonce Raphael Agbodjélou, avec l’autorisation de Jack Bell Gallery Photo : MBAC
Agbodjelou est un important photographe béninois établi à Porto-Novo, une ville ayant autrefois servi de porte d’entrée au commerce transatlantique des esclaves. Dans la série Musclemen, des adeptes locaux du culturisme de compétition posent avec un air de bravade toute théâtrale qui contraste avec les accessoires floraux et les tissus décoratifs de leurs vêtements et de la toile de fond. Cette photo, qui fait partie du corpus Citoyens de Porto-Novo, reflète et subvertit les représentations de la masculinité africaine dans le portrait de studio.
Ruth Cuthand
Crie. Née en 1954, Prince Albert (Saskatchewan), Canada
Vit et travaille à Saskatoon (Saskatchewan), Canada
Spanish Flu [la grippe espagnole], de La série des réserves
de La série des réserves, perles de verre, carton sans acide avec flocage de rayonne, fil de nylon et de polyester-coton, peinture à l’huile, Plexiglas et cadre en bois. Musée des beaux-arts du Canada. Acheté en 2017 © Ruth Cuthand Photo : MBAC
Cette série de perlages élaborés représente des maladies ayant touché les communautés autochtones après leur déplacement forcé dans des réserves et évoque les répercussions de ce changement sur leur mode de vie. L’artiste y examine un aspect paradoxal du commerce entre Autochtones et Européens au début de la colonisation : très prisées, les perles de couleur ont fait leur entrée au Canada en même temps que les maladies ayant décimé de nombreux peuples autochtones. À la fois séduisantes et répulsives, ces œuvres chargées de courage incitent à la réflexion.
Vidéos en vedette
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Qu’est-ce que l’art performance?
Tribal Women Artists Cooperative – Maintenir les traditions
Eleng Luluan – Ma vie a été marquée par le nomadisme
Sayo Ogasawara – La préservation de la langue et de nos traditions culturelles
Jordan Bennett – Sous les étoiles
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