Le photographe congolais Sammy Baloji aborde les thèmes de la ville et du territoire dans ses œuvres. Né dix-huit ans après que son pays ait obtenu l'indépendance de la Belgique, il cherche à mieux comprendre ce que sa génération a hérité du passé colonial. Il construit à travers ses photographies un récit complexe sur la colonisation, son histoire et les effets qu’elle continue d’avoir sur la culture.
La province où Baloji a grandi, le Katanga, est riche en gisements de minéraux, dont le cuivre, le cobalt et l’uranium. Exploitées par des intérêts étrangers depuis plus d’un siècle, les mines sont un élément fondamental de la trame narrative de sa série Mémoire. Dans cette vue panoramique, il illustre à l’aide de Photoshop et d’images d’archive une scène typique où se côtoient le passé et le présent. Un patron blanc dirige des ouvriers noirs devant un paysage dominé par la technologie reflétant ainsi la nature envahissante des activités minière sur le territoire et le contrôle de sa population.
Essai sur l’urbanisme se compose de douze photographies couleur accompagnées d’une petite image d’archive datant de 1929 qui montre deux garçons assis à côté d’un tas de mouches mortes. Cette image fait référence à la lutte contre les mouches et plus particulièrement à une pratique selon laquelle chaque travailleur devait rapporter cinquante mouches pour recevoir sa ration quotidienne de nourriture. Six éléments de l’assemblage sont des vues aériennes de Lubumbashi et de la bande de terre qui séparait les zones d'habitation coloniale blanche des populations noires. D’une largeur de 500 mètres au minimum, celle-ci servait de « cordon sanitaire » pour éviter la propagation des moustiques porteurs de la malaria[1]. Les six autres images de la grille montrent des arrangements de mouches et de moustiques photographiés à partir de spécimens du Musée national de Lubumbashi.
Sammy Baloji (Lubumbashi, République démocratique du Congo, 1978–), est le fils de parents originaires de la province de Kasai au Congo, une zone de conflits frontalière avec l’Angola. Il obtient d'abord un diplôme en informatique et en communication de l’Université de Lubumbashi, puis un autre en vidéo et en photographie de l’École Supérieure des Arts Décoratifs de Strasbourg, en France. Il se découvre un intérêt pour la photographie lorsqu’il emprunte un appareil photo afin de capter des scènes pour réaliser ses bandes dessinées. Il est aussi sculpteur, travaillant avec des matériaux, comme le cuivre, associés à l’économie de Lubumbashi, sa ville natale.
[1] Johan Legae, Sofie Boonen et Maarten Liefooghe, "Fissure dans le cordon sanitaire. Architecture hospitalière et ségrégation urbaine à Lubumbashi, 1920-1960", dans Maurice Amuri Mpala-Lutebele (dir.), Lubumbashi, cent ans d'histoire, Paris : L'Harmattan, coll. Comptes rendus, 2013, p. 247-262.
Dianne Bos (1956–) est reconnue pour ses photographies réalisées à l’aide d’appareils à sténopé, un dispositif qui consiste, dans sa forme la plus simple, à percer un petit trou, ou une ouverture, sur le...
Leonce Raphael Agbodjélou (1965-) est un photographe béninois dont les œuvres sont chargées de références à l’Afrique, au Bénin, et plus spécifiquement à l’histoire de la ville de Porto-Novo.
5 juin 2019
Supported by the Scotiabank Photography Program at the National Gallery of Canada
Soutenu par le Programme de photographie de la Banque Scotia au Musée des beaux-arts du Canada