Provenance
La recherche sur la provenance d’une œuvre consiste à retracer l’historique de sa propriété au fil du temps. Elle est essentielle si nous voulons comprendre le contexte historique, social et économique dans lequel l’œuvre a été créée, ainsi que tous les facteurs qui ont déterminé son histoire par la suite.
Cette recherche peut avoir des ramifications sur les plans juridique et éthique, notamment si une œuvre spoliée ou illégalement exportée doit être rendue à son propriétaire. La recherche sur la provenance fait partie des traditions au Musée des beaux-arts du Canada; l’historique de bon nombre de nos œuvres est bien connu et publié dans nos catalogues de collection. Nous faisons ce type de recherches, que les œuvres soient dans nos collections ou fassent partie des acquisitions envisagées.
Reconstituer l’historique de propriété d’une œuvre peut être un défi. Dans certains cas, la documentation n’est pas parvenue jusqu’à nous, dans d’autres, elle prête à interprétation. Il faut retrouver des documents d’archives, publiés ou non, des catalogues de vente, des registres de marchands d’art ou même consulter d’anciens propriétaires. Beaucoup de ventes d’œuvres d’art sont confidentielles : nombre de collectionneurs ont acheté ou vendu des œuvres anonymement, et les marchands et les salles de ventes sont réticents à révéler des renseignements personnels. Certains marchands ne pratiquent plus, et leurs registres ont été perdus ou détruits. Le Musée s’efforce de documenter l’historique de propriété de toutes les œuvres dont il a la garde, mais dans certains cas – en particulier si l’œuvre remonte à plusieurs siècles –, il est normal qu’il demeure des incertitudes.
Le trafic illicite d’œuvres d’art
Les préoccupations internationales ont mené à l’adoption, en 1970, de la Convention concernant les mesures à prendre pour interdire et empêcher l’importation, l’exportation et le transfert de propriété illicites de biens culturels de l’UNESCO, acceptée par le Canada en 1978. Cette entente visait à mettre fin au trafic illicite d’œuvres d’art et, par conséquent, aux atteintes au patrimoine mondial, ainsi qu’à restituer les œuvres pillées ou exportées illégalement. C’est pour respecter ces obligations que le Musée étudie toujours la provenance des œuvres qu’il prévoit d’acquérir ou qui sont déjà dans ses collections.
La spoliation d’œuvres d’art par le régime nazi, 1933–1945
Dès l’arrivée au pouvoir d’Hitler, en 1933, et jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale, le régime nazi procède à une confiscation massive de biens culturels visant en particulier les collectionneurs juifs. Bien que, dans les années d’après-guerre, un grand nombre de ces œuvres spoliées aient été restituées à leurs propriétaires légitimes, de nombreuses autres, dont la provenance était méconnue ou a été cachée, se sont retrouvées sur le marché de l’art.
Reconnaissant son obligation éthique de restituer toute œuvre d’art spoliée, le Musée a adopté les principes de la Conférence de Washington applicables aux œuvres d’art confisquées par les nazis, émis en 1998, dont le but était de trouver une solution juste et équitable aux réclamations d’œuvres spoliées non restituées. Pour y arriver, le Musée se conforme aux lignes directrices émises la même année par le groupe de travail de l’Association of Art Museum Directors sur la spoliation d’œuvres d’art pendant l’époque des nazis ou de la Deuxième Guerre mondiale, subséquemment entérinées par l’Organisation des directeurs de musées d’art canadiens. Ces lignes directrices exigent du Musée qu’il identifie toute œuvre ayant pu faire l’objet d’une spoliation, qu’il rende cette information publique, et qu’il règle toute réclamation de manière équitable et appropriée, à la satisfaction des parties.
En conséquence, la section figurant plus bas énumère les œuvres d’art européennes – surtout des peintures et des sculptures – réalisées avant 1946 et acquises après janvier 1933, dont l’historique de propriété est incomplet ou potentiellement problématique. La recherche se poursuit et d’autres œuvres pourraient être ajoutées. L’inclusion d’une œuvre dans cette section ne signifie pas qu’elle ait été spoliée ou qu’on la soupçonne de l’avoir été, mais simplement que sa provenance nécessite une recherche plus approfondie. Dans certains cas, la provenance est maintenant connue et aucune mesure ne s’impose; dans d’autres, des questions demeurent sans réponses.
Restitution des œuvres
La restitution d’une œuvre est régie par la Politique d’aliénation du Musée des beaux-arts du Canada.
2001
Chine, dynastie Tang
Temple de Kanjing Si, grottes de Longmen, province du Henan
Fragment d’un relief montrant un luohan v. 700–720
pierre calcaire
84,3 cm (hauteur)
Don d’Herman H. Levy, Hamilton, 1978
no 23642
Pillé à une date inconnue, ce fragment de relief (aussi connu sous le titre Figure d’arhat) a été restitué à la République populaire de Chine par décision du conseil d’administration en 2001.
2006
Édouard Vuillard
France, 1868–1940
Le salon de madame Aron 1904, repeint 1934
gouache et huile sur papier
55,3 × 62 cm
Acheté en 1957
no 6490
Confisqué par les nazis en 1942, Le salon de madame Aron a été restitué aux héritiers d’Alfred Lindon par décision du conseil d’administration en 2006.
Galerie d’images
Apprenez-en davantage sur la provenance de certaines œuvres de la collection du Musée des beaux-arts du Canada.